Réunis hier à La Haye, 70 pays, dont les États-Unis et l'Iran, ont adopté un plan de relance en Afghanistan modulé sur celui de Barack Obama. Mais cela pourrait signifier une augmentation du nombre de morts chez les civils, craint la Croix-Rouge.

Les populations civiles risquent d'être les premières à faire les frais d'une escalade du conflit militaire qui se dessine à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan.

 

C'est le rappel lancé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en marge de la conférence internationale sur l'Afghanistan tenue hier à La Haye, aux Pays-Bas.

Réunissant 70 pays, la conférence a été le théâtre de quelques événements marquants. D'abord, l'Iran et les États-Unis étaient assis à la même table, dans une tentative de rapprochement. Ensuite, les nations présentes dont le Canada se sont mises d'accord sur un plan de relance qui reprend plusieurs éléments de la nouvelle stratégie pour l'Afghanistan formulée il y a quelques jours par le président américain Barack Obama.

Si cette stratégie appuie maintenant la politique de la main tendue par le président afghan, Hamid Karzaï, aux talibans modérés, elle prévoit par ailleurs une intensification des combats et l'élimination des éléments les plus radicaux d'Al-Qaeda où qu'ils soient.

Or, c'est justement là que le CICR exprime ses doutes et ses craintes. Car c'est le long de la frontière pakistano-afghane où la concentration d'insurgés est la plus forte. L'arrivée de milliers de militaires américains et d'autres nations occidentales dans cette région au cours des prochains mois risque de se traduire par une accentuation de la violence.

En 2008, le CICR est venu en aide à quelque 40 000 personnes déplacées dans les régions du Pakistan en bordure de l'Afghanistan. Cette année, on s'attend à ce que ce nombre grimpe à 140 000 personnes. Résultat, le CICR a doublé son budget d'aide au Pakistan.

«Trop de civils ont jusqu'à maintenant été tués, estropiés, humiliés, blessés sans jamais recevoir d'aide», déclarait lundi Jacques de Maio, chef des opérations de cet organisme pour l'Asie du Sud.

Ce dernier a appelé les États-Unis et les autres nations engagés dans le conflit à traiter la question des secours aux civils de façon urgente. «L'impact (de la guerre) sur les civils est trop élevé et doit être minimisé», a ajouté M. de Maio.

Guerre élargie

Cette crainte est partagée par d'autres organisations humanitaires ou opposés au conflit. Au Québec, c'est le cas du Collectif Échec à la guerre pour qui l'annonce récente de l'envoi de 21 000 soldats américains en Afghanistan signifie un «élargissement» de la guerre jusque dans les régions frontalières du Pakistan. Selon ce groupe, la conférence de La Haye concrétise «les tentatives de mainmise étrangère» sur l'Afghanistan.

Cela dit, la conférence d'hier s'est terminée avec une liste de bonnes intentions dont les balises demeurent assez floues. On évoque par exemple l'idée de «consacrer urgemment davantage d'énergie» au pays, à suivre des «priorités claires», «générer la croissance économique, renforcer la sécurité et améliorer la coopération régionale».

Les participants ont insisté sur le renforcement de la bonne gouvernance et la transparence des institutions, deux principes où le gouvernement Karzaï n'a pas prêché par l'exemple.

Présent, le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, s'est félicité de la participation du Canada à l'élaboration d'un calendrier de travail pour renforcer les contrôles à la frontière entre les deux pays.

Avec La Presse Canadienne, Swissinfo.ch et AFP