Le Canada et la France pourraient à nouveau s'affronter au sujet des ressources sous-marines situées au large de Terre-Neuve.

Le gouvernement français a confirmé mercredi son intention de déposer une lettre d'intention aux Nations unies pour revendiquer le droit de l'archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon de développer son économie en ayant un plus grand accès aux sous-sols de l'océan Atlantique, qui regorgeraient de ressources pétrolières, gazières et marines. Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, s'est dit déçu mercredi de la décision du gouvernement français de rouvrir la question de cette zone, appelée «zone du plateau continental».

Dans un communiqué, il a affirmé que le Canada prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre et protéger ses droits sur le plateau continental canadien.

La députée du Parti Radical de Gauche (PRG) de Saint-Pierre-et-Miquelon, Annick Girardin, s'était déplacée cette semaine à Paris pour faire campagne auprès des médias et du gouvernement français pour lui demander qu'il dépose à l'ONU une lettre d'intention afin de faire appliquer la convention internationale sur les droits des pays côtiers sur les ressources naturelles sous-marines.

Les pays qui possèdent une façade maritime peuvent demander à l'ONU, avant le 13 mai, d'étendre leur plateau continental au-delà des 200 milles.

Mme Girardin a affirmé mercredi à La Presse Canadienne que le dépôt de la lettre avait pour but de parvenir à un accord avec le Canada en vertu duquel les deux pays s'entendraient sur une répartition des richesses et des retombées économiques de cette zone.

Selon elle, le Canada peut profiter des dispositifs exceptionnels qu'offre Saint-Pierre-et-Miquelon pour entrer sur le marché européen et en contrepartie, l'extension du plateau ouvrirait des perspectives en matière de pêche et d'exploitation en hydrocarbures pour son archipel.

«C'est vraiment du donnant-donnant, c'est vraiment de s'asseoir et de savoir qui peut donner quoi à l'autre et comment on peut vivre ensemble dans cette région sans que l'archipel soit sacrifié en matière économique», a-t-elle dit.

DEvoquant un refus du Canada à négocier, la députée a admis que la possibilité que le dossier se retrouve en arbitrage international était réelle.

«Bien évidemment, si tout le monde se butte, on finira en arbitrage, a-t-elle affirmé. Mais en aucun cas c'est ma vision des choses, et en aucun cas, c'est ce que veut le gouvernement français ou les élus de Saint-Pierre-et-Miquelon. On souhaite une négociation avec les Canadiens pour que notre intégration soit meilleure.»

La délimitation de la frontière maritime entre Saint-Pierre-et-Miquelon et le Canada a été tranchée à New York par un tribunal d'arbitrage international en 1992. Depuis, la situation économique de l'archipel est en péril, estime Mme Girardin. Et la diminution des quotas de pêche et des ressources de poissons n'a rien fait pour améliorer les choses.

«Ce que le jugement de 1992 dit bien, c'est que le tribunal n'est pas compétent en la matière et qu'il ne statuera pas sur le plateau continental. Donc à partir de là, on peut regretter du côté canadien que la France décide d'étendre son plateau continental mais d'un autre côté, pourquoi ne le ferait-elle pas?» a dit la députée.

«Ce ne sont pas 6500 habitants qui vont ruiner l'économie canadienne, alors faites-nous une petite place», a-t-elle déclarée mercredi en conférence de presse à Paris.