Le ministre responsable de la région de Montréal, Raymond Bachand, s'est dit sûr, hier, qu'il n'y aura pas de délais additionnels dans la réalisation du CHUM, malgré la nouvelle ronde de consultations publiques. Une confiance que ne partage pas Sylvain Simard, critique du Parti québécois pour tout ce qui touche les partenariats public-privé.

La Presse a révélé hier que la Ville de Montréal devra organiser une deuxième série de consultations et adopter un nouveau règlement pour encadrer la construction du futur hôpital universitaire dans le centre-ville. Le processus prendra plusieurs mois.En temps normal, un promoteur ne lance pas un appel d'offres lorsqu'il ne sait pas ce que la Ville lui permettra de construire. Mais dans ce cas, le gouvernement a quand même décidé de lancer l'appel de propositions d'ici quelques semaines. Les deux consortiums qualifiés seront invités à préparer leurs soumissions, qu'ils devront présenter au bout de 10 mois.

«Le CHUM va se faire, il va se réaliser, a dit M. Bachand à La Presse Canadienne. Il y a des ajustements à faire au zonage, mais ça, c'est normal... Malheureusement, la Ville, et c'est peut-être quelque chose qu'il faudra changer dans la loi, n'a pas de souplesse quand elle fait un processus. Elle doit recommencer le processus. Mais on a amplement le temps de faire les choses et il n'y a pas de retard par rapport aux échéanciers.»

Le projet a été modifié de façon importante depuis l'adoption du dernier règlement de zonage, en mai dernier: l'hôpital Saint-Luc sera démoli, et non rénové, pour faire place à un hôpital entièrement neuf, plus haut, qui comprendra plus de lits, de salles d'opération et de places de stationnement.

Il est impossible pour une entreprise de concevoir un grand bâtiment sans connaître les paramètres de zonage, a répliqué le député péquiste Sylvain Simard. «Une entreprise ne peut pas se mettre au travail sans l'autorisation de la Ville, a-t-il dit. Quelle que soit l'hypothèse envisagée, il est évident qu'il y aura un retard majeur. Un retard que vient aggraver la formule en partenariat public-privé, qui est beaucoup plus lourde et complexe que le mode de construction conventionnel.»

Le président de l'Agence des PPP, Pierre Lefebvre, a dit hier que les consortiums pourront commencer à participer à plusieurs ateliers de travail même si le nouveau règlement de zonage n'est pas adopté. «Ces ateliers pourront progresser sur une foule de sujets», a-t-il assuré. Il a remis une liste à La Presse incluant des thèmes comme le périmètre du projet, les urgences, les blocs opératoires, etc.

De leur côté, des professionnels bien au fait du dossier nous ont affirmé qu'aucun des deux consortiums ne pourra commencer à dessiner les plans, tant que le règlement n'aura pas été adopté. Une information que n'a pas démentie M. Lefebvre.

Par ailleurs, à l'Assemblée nationale, M. Simard a dénoncé «la présence de liens incestueux qui existent dans la construction en mode PPP au CHUM et au CUSM (le Centre universitaire de l'Université McGill». «Les entreprises qui conseillent le gouvernement pour la construction du CHUM sont soumissionnaires pour la construction du CUSM et vice-versa, a-t-il dit. Pourtant, l'appel de qualification lancé il y a près de deux ans était clair: ce genre de situation d'intérêts croisés n'est pas permis.»

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, responsable des PPP, a répondu que le gouvernement n'avait pas le choix, le nombre de firmes ayant l'expertise nécessaire étant limité à Montréal. «Il n'y avait pas de possibilité, a-t-elle dit, si bien qu'on a mis en place un arbitre... pour s'assurer justement qu'il n'y avait pas de conflits d'intérêts et qu'il y avait des murailles de Chine (au sein des entreprises) pour éviter les problèmes.»