Québec accentue la pression sur Ottawa pour qu'une aide financière soit apportée d'urgence à l'industrie forestière.

La meilleure façon d'y arriver consiste à créer un guichet unique Québec-Ottawa, selon le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard. Dans une entrevue à La Presse Canadienne, jeudi, M. Béchard s'est montré inquiet de voir les chefs d'entreprises se perdre dans les dédales administratifs, entre les deux capitales, alors qu'ils ont besoin de liquidités à très court terme pour ne pas fermer leurs usines.

«Il faut que ce soit tout de suite», a insisté M. Béchard, qui a expédié une lettre en ce sens à son homologue fédérale, Lisa Raitt.

Les deux ministres doivent avoir une première rencontre dans les prochains jours, pour voir la possibilité d'harmoniser les programmes d'aide financière de Québec et Ottawa.

Le ministre Béchard ne cache pas que, pour l'industrie forestière, la crise a pris des proportions «catastrophiques». D'où l'importance pour les gouvernements de conjuguer leurs efforts pour faire en sorte que les entreprises tiennent le coup en attendant la reprise économique.

«Il faut que notre industrie soit là, le jour où il va y avoir une reprise. Parce que si on continue comme ça, de l'aide dans deux ans, dans trois ans, on n'en aura plus besoin, il n'y aura plus personne», selon lui.

«L'heure n'est pas à la parole. L'heure est à l'action», ajoute-t-il, reprenant à son compte le discours de l'industrie.

Québec songe aussi à étendre prochainement son aide au secteur par diverses mesures, en visant davantage les petits entrepreneurs, qui voient les banques reprendre leur machinerie. Jusqu'à maintenant, les programmes visaient surtout la grande industrie.

Malgré la gravité de la situation, M. Béchard dit ne pas croire pour autant à la nécessité de faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il accouche d'un plan de relance de l'industrie forestière aussi imposant que ce qui a été fait pour l'industrie automobile de l'Ontario.

Selon lui, l'heure n'est pas «aux nouvelles affaires qui vont prendre des mois et des mois à se mettre en place et qui ne verront pas le jour».

Dans le même esprit, le ministre n'est pas chaud à l'idée d'organiser un vaste sommet sur la forêt, une idée controversée qui circule depuis quelque temps, et qui a été initiée par le ministre fédéral Jean-Pierre Blackburn.

Le ministre qui seconde M. Béchard, Serge Simard, s'est d'ailleurs montré favorable à cette initiative.

Quant à lui, M. Béchard veut de l'action, tout de suite, sous forme de prêts, garanties de prêts ou de soutien au fonds de roulement.

Il dit d'ailleurs sentir, de la part du gouvernement Harper, «plus d'ouverture que dans les dernières années», pour la question forestière et la crise sans précédent qui frappe l'industrie.

Dans le milieu, certains ont contesté le fait qu'Ottawa, avant Noël, avait versé 4 milliards $ à l'industrie automobile, tout en réservant 175 millions $ à la forêt dans son dernier budget.

Dans sa lettre à la ministre Raitt, M. Béchard affirme que «le niveau des interventions prévues par le gouvernement fédéral devrait être mieux adapté à la présente situation», et demande que ces mesures agissent en complémentarité de celles adoptées par Québec.

Il l'exhorte à agir «avec la plus grande diligence».