Les femmes ne profitent pas du vaste chantier de réfection des infrastructures lancé par Québec pour contrer la crise financière, dénoncent syndicats et organisations féministes. Ces groupes ont fait une série de demandes au gouvernement, hier, tandis que des centaines de personnes défilaient dans la rue pour souligner la Journée internationale de la femme.

«Si on investit seulement dans les infrastructures, qu'on néglige le réseau de la santé, l'éducation et le réseau communautaire, on ne favorise pas le développement de l'emploi des femmes», a affirmé la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Michèle Asselin.

 

Bien qu'elle soit favorable au chantier de 30 milliards lancé par Québec il y a deux ans, elle estime que les investissements profitent davantage aux entreprises de construction, de génie, d'entretien, bref, des compagnies qui emploient surtout des hommes.

Comme elle, les dirigeants syndicaux affirment que le gouvernement doit permettre aux femmes de profiter du programme.

«Le gouvernement, qui y va à coups de grands investissements, devrait poser des conditions sur les critères d'embauche pour faciliter l'entrée des femmes dans ces métiers», a indiqué la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

Regroupés sous la bannière du Collectif 8 mars, les organisations féministes et syndicales ont dressé une liste de six revendications. Elles exigent notamment des sommes supplémentaires pour la conciliation travail-famille et un investissement massif dans les écoles, les hôpitaux et les groupes communautaires.

«Dans une période de crise, il faut vraiment renforcer nos services publics pour s'assurer que pour les femmes qui y oeuvrent, leurs conditions d'exercice vont être rehaussées», a affirmé Louise Chabot, première vice-présidente de la CSQ. D'ailleurs, fait-elle valoir, 80% des emplois en santé et en éducation sont occupés par des femmes.

Michèle Asselin se dit satisfaite des progrès accomplis par les femmes au cours des dernières années, mais elle estime qu'il y a encore fort à faire pour qu'elles atteignent une égalité «de fait» avec les hommes.

«En matière de droits, depuis 30 ans, on a fait des bonds énormes, a indiqué Mme Asselin. Mais quand on regarde les statistiques, dans les faits, il y a encore beaucoup de discrimination. Et c'est encore pire chez les femmes immigrées et autochtones.»

Plusieurs centaines d'immigrées étaient d'ailleurs de la manifestation qui a sillonné les rues du centre-ville, hier, pour souligner la Journée internationale de la femme. Hétéroclite, la foule comprenait des associations de femmes tamoules, philippines et palestiniennes, en plus de groupes communistes.