Des dizaines d'Afghans furieux ont manifesté devant un bureau gouvernemental et défilé dans les rues de Kandahar, en Afghanistan, lundi, scandant «Mort aux Canadiens» et exhibant les corps mutilés de deux enfants, après qu'un responsable tribal eut attribué la responsabilité de leur mort aux forces canadiennes.

La population du village de Salehan, dans le district de Panjwaii, à une quinzaine de kilomètres de Kandahar, accuse l'armée canadienne d'avoir laissé derrière elle un engin explosif qui a finalement sauté, tuant deux jeunes garçons. Les Forces armées canadiennes ont aussitôt ouvert une enquête sur ces allégations, l'un des nombreux comptes rendus contradictoires entendus lundi sur les causes exactes de l'explosion.

Les victimes, apparemment deux pré-adolescents, étaient exposées à l'arrière d'un taxi de bois rouge à trois roues, appelé «tuk-tuk», leurs corps partiellement recouverts d'une couverture ensanglantée. Des proches des deux enfants se lamentaient aux côtés du véhicule tandis que des passants visiblement horrifiés regardaient la scène.

Selon l'armée canadienne, les enfants ont vraisemblablement péri quand quelqu'un est venu en contact avec des munitions non explosées dans un champ voisin de leur communauté, également connue sous le nom de Mohammed Bin Rashid, du nom du dirigeant de Dubai qui le finance en partie. Le village héberge des personnes mutilées par la guerre.

Un porte-parole de l'armée, le major Mario Couture, a déclaré que cette zone est connue des militaires - et, croit-il, des habitants - comme un endroit parsemé de toutes sortes de munitions et de mines non explosées, bref un lieu dangereux. Il a confirmé que les troupes canadiennes avaient effectué des exercices dans ce secteur, dimanche, mais a assuré que les militaires s'étaient conformés à la procédure et avaient nettoyé les lieux avant de partir.

L'OTAN mène actuellement une vaste campagne de publicité pour aviser les Afghans de ne pas toucher ni jouer avec des munitions non identifiées ou non explosées au sol. Mais des villageois soutiennent que le village, également surnommé le «village des handicapés», a été la cible de tirs de mortier lundi, après la fin des exercices, tirs qui provenaient d'une base canadienne située à l'ouest du village, alors que les enfants revenaient de la madrassa locale.

Outre l'enquête militaire canadienne, les autorités policières locales s'efforçaient aussi, lundi, de déterminer ce qui s'est passé exactement, mais elles pointaient du doigt les talibans, sans cependant pouvoir en faire la preuve.