Un pompier de Montréal, à l'emploi du service des incendies depuis plus de 22 ans, a été congédié le 11 février dernier pour avoir proféré des menaces «inqualifiables» et «extrêmement graves» envers un cadre.

Pour une raison inconnue, le pompier a téléphoné au domicile de son chef, à Sainte-Thérèse, et a laissé un message menaçant sur son répondeur. «Il a tenu des propos extrêmement graves, des propos inqualifiables sur la boîte vocale du chef, visant la famille essentiellement», explique Jean-Yves Hinse, directeur des relations professionnelles à la Ville de Montréal.

Le cadre a immédiatement porté plainte au service de police local, la Régie intermunicipale de police de Sainte-Thérèse-de-Blainville, qui a ouvert une enquête criminelle. Ayant en main l'enregistrement compromettant, la Ville n'a pas attendu la conclusion de l'enquête policière pour sévir. Après avoir rencontré l'employé et entendu sa version des faits, elle l'a congédié. «Pour nous, il n'y avait pas de doute que la décision la plus appropriée était le congédiement, dit M. Hinse. C'est en continuité avec notre politique de tolérance zéro. Jamais la Ville ne va tolérer des situations d'intimidation ou de violence.»

Du côté de l'Association des pompiers de Montréal, on se montre prudent. «C'est une cause qui est au criminel, alors je n'ai pas de commentaire à formuler, dit d'entrée de jeu Michel Crevier, président du syndicat. Il est vraiment très tôt.» M. Crevier estime tout de même que la Ville a été trop rapide sur la gâchette. «Il a été reconnu coupable par le service d'incendies. Je pense qu'au Québec, il y a une loi qui dit que tu es innocent tant que tu n'es pas reconnu coupable. Mais le service a décidé de procéder pareil. C'est complètement désabusant quand on apprend ça.»

Le syndicat attend les conclusions de l'enquête des policiers pour décider s'il déposera un grief dans cette cause. Du côté de la Ville, on se dit confiant de gagner avec l'enregistrement compromettant. «Si le dossier va en arbitrage, c'est clair que ça va être notre preuve centrale», dit M. Hinse.

Sans pouvoir préciser les raisons du comportement du pompier congédié, les deux hommes s'entendent: il n'a rien à voir avec les négociations de convention collective.

Celles-ci se déroulent d'ailleurs dans le calme et en sont dans la dernière ligne droite, un arbitre ayant été appelé à trancher. On s'attend à ce qu'il rende sa décision début 2010. Les relations entre les pompiers et leur employeur étaient particulièrement tendues il y a un an et demi, à l'automne 2007. Des chefs aux opérations avaient été évincés de leurs bureaux à deux reprises par leurs employés. Des pompiers avaient également bloqué les entrées de 12 casernes. Un pompier avait été congédié pour «vol de temps» puis, fin octobre, un capitaine et un lieutenant avaient été rétrogradés pour avoir déambulé masqués dans les couloirs de l'ancien hôtel de ville.