Les prochains mois s'annoncent difficiles pour les restaurants et les hôtels. Ils devront multiplier les efforts afin de convaincre les clients d'ouvrir leur portefeuille pour se gâter un peu. Des milliers d'entre eux sont réunis ces jours-ci à Montréal pour trouver le produit, le concept, le slogan qui aura raison du ralentissement appréhendé.

«Les taux d'occupation sont en baisse, et nos clients (les hôteliers) sont plus exigeants», témoigne Claire Grenier, représentante d'une entreprise qui alimente les hôtels de la province en produits d'entretien, savons, shampoings et autres.

Dans les allées du centre d'exposition de la place Bonaventure, où sont réunis quelque 400 fournisseurs d'hôtels et de restaurants jusqu'à mardi, les vendeurs de mobilier, d'ustensiles de cuisine et autres sont souriants. L'optimisme est de rigueur dans ce type de salon. «Il ne faut pas laisser la déprime gagner du terrain, mais c'est sûr qu'il faudra probablement s'ajuster au cours des prochaines semaines, réviser nos façons de faire», dit Victor Francoeur, président de l'Association des fournisseurs d'hôtels et de restaurants.

«Il y a des craintes, confirme à son tour Danielle Chayer, directrice générale de l'Association des hôteliers du Québec (AHQ). Si les gens perdent leur emploi, cet été, ils vont faire des sorties d'une journée pour éviter de payer l'hôtel.» L'AHQ a même fait modifier le programme de son congrès annuel, qui débute ce matin à Montréal, pour inclure des séances d'information sur les moyens de surmonter les contrecoups de la crise financière.

Victor Francoeur croit que l'une des solutions est de se montrer plus sensible aux clients. «Ce n'est pas normal qu'on néglige de demander à un client qui arrive de l'étranger ce qu'on peut faire pour l'aider à surmonter le décalage horaire.» Le marché devrait aussi se recentrer sur l'Asie, la Russie et l'Inde. «À peine 15% des Américains possèdent un passeport, et les autres ne s'en feront certainement pas délivrer un pour venir au Canada quand il sera essentiel pour traverser la frontière en voiture», dit-il.

Des clients en profiteront

Pour Michel Archambault, titulaire de la chaire de tourisme de l'UQAM, le moment est idéal pour donner un nouveau souffle à l'industrie. «Le parc hôtelier est vieillissant, il aurait besoin d'une bonne mise à niveau dans plusieurs régions du Québec pour que les clients aient des souvenirs plus favorables de leur passage», dit-il.

En concurrence avec ceux des grandes métropoles, les hôtels de Montréal devront aussi se montrer plus féroces pour attirer les clients. «Il faut être imaginatif, être présent sur les blogues, les sites internet, prendre d'assaut le web», dit-il.

Les touristes dont le portefeuille n'aura pas été trop malmené par le ralentissement économique devraient en profiter. «Les grandes chaînes hôtelières ont adopté de bonnes stratégies pour fidéliser la clientèle en offrant la troisième nuit gratuitement ou des rabais sur l'internet. Les clients en auront davantage pour leur argent.»