Le projet du gouvernement canadien d'armer ses quelque 4800 agents douaniers va bon train. Sept cents d'entre eux auraient déjà réussi leur entraînement. Il y a une ombre au tableau, cependant: il est difficile de recruter des instructeurs de tir qualifiés.

Une note d'information remise en août dernier au ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, et que La Presse a obtenue en vertu de la Loi d'accès à l'information, indique que 489 membres de l'Agence des services frontaliers avaient été entraînés et armés en date du 31 juillet 2008.

 

Mais depuis, ce nombre aurait atteint entre 700 et 725 membres, indique en entrevue Jean-Pierre Fortin, vice-président du Syndicat des douaniers et de l'immigration.

M. Fortin ajoute aussi que la difficulté entourant le recrutement et la formation d'instructeurs de tir au sein des douaniers est imputable aux très hauts niveaux de compétence que doivent atteindre les instructeurs et au fait que les cours ne se donnent qu'à Ottawa et en Colombie-Britannique. «Ce ne sont pas tous nos agents qui sont prêts à tout laisser tomber pour devenir instructeurs loin de chez eux», dit-il.

Pour combler les besoins, on fait donc appel à des instructeurs de la GRC.

Jean-Pierre Fortin estime cependant que la situation s'améliore au fil des mois. «Notre banque d'instructeurs commence à être acceptable», assure-t-il.

C'est en déposant leur premier budget, en 2006, que les conservateurs de Stephen Harper ont annoncé leur projet d'armer les 4800 douaniers au plus tard en mars 2016. Coût du projet: 780,3 millions.

Au 31 juillet dernier, les 489 officiers armés présentaient un taux de réussite de 88% à l'examen. Les recalés ont droit à une seconde chance. Une fois armés, les douaniers doivent participer à des exercices et repasser leur examen de certification chaque année.

Caméras de surveillance

Par ailleurs, les mêmes documents nous apprennent que le projet d'installer un réseau de caméras en circuit fermé dans les 65 points d'entrée des douanes terrestres était en voie d'être réalisé à la fin de l'année 2008.

Ce projet découle des recommandations d'un comité d'examen de l'Agence des services frontaliers qui cherchait des moyens pour réduire le nombre de personnes qui traversent les points d'entrée sans s'arrêter (port runners). Selon ce comité, l'usage des caméras permettrait de faciliter les poursuites criminelles contre ces individus dans l'éventualité de leur capture.

Le circuit est déjà en place dans les points d'entrée du Québec, où 34 systèmes de caméras ont été installés. Ailleurs au pays, la tâche a été plus ardue, car le fournisseur retenu par le gouvernement a été vendu. Estimant qu'il y avait un risque quant aux garanties des appareils, le ministère des Travaux publics, responsable des achats gouvernementaux, a trouvé un autre fournisseur.

Un projet-pilote de surveillance des villes frontalières du Québec est sur les rails. Des 200 routes non gardées qui relient le Canada et les États-Unis, la moitié se trouvent dans la Belle Province.