Les déplacements de milliers d'usagers des trains de banlieue de la métropole ont été perturbés une fois de plus, hier matin, alors que des retards majeurs ont été enregistrés sur les deux plus importantes lignes du réseau géré par l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

Ces nouvelles pannes, qui ont encore provoqué un retard de 25 minutes sur la ligne de Deux-Montagnes, et de presque 20 minutes sur celle de Dorion-Rigaud, sont venues alimenter le vent de mécontentement qui souffle de plus en plus sur l'agence provinciale, qui n'a jamais traversé une telle tempête en 12 ans d'existence.

Cette série noire de pannes, de retards et d'annulations de service, qui dure depuis trois semaines, coïncide avec l'implantation de nouvelles mesures d'amélioration d'une valeur de 13,6 millions, entrées en vigueur le 12 janvier.

«Il y a quelques années, affirme Manon Boulianne, une usagère du train de Deux-Montagnes depuis des années, je n'arrêtais pas de vanter le confort et la fiabilité du service de trains de banlieue. Maintenant, d'une journée à l'autre, je ne sais plus à quelle heure je vais arriver au bureau, ni à quelle heure je vais rentrer chez moi. On ne peut plus s'y fier.»

«L'AMT a réussi à améliorer la ponctualité de ses trains et elle s'en vante beaucoup, mais ce n'est pas ça le vrai problème, soutient Antoine Desjardins, un autre usager joint par La Presse. Le problème, c'est qu'on étouffe, dans le train. À cause des changements d'horaires de janvier, la clientèle des cinq départs de l'an dernier se retrouve concentrée dans trois ou quatre trains.»

Tous les usagers de cette ligne joints par La Presse ont attribué aux nouveaux horaires de l'AMT la situation qui règne aujourd'hui dans les trains. La manchette d'un quotidien gratuit de la métropole, qui affirmait hier que la situation s'améliore sur le réseau de l'AMT, a seulement ajouté au mécontentement évident des centaines d'usagers qui ont communiqué avec La Presse.

Résultats mitigés

Les impacts du programme d'amélioration des services, qui a permis d'ajouter 76 départs par semaine sur le réseau de trains de banlieue, ne sont pas apparents dans les données d'achalandage de janvier, obtenues hier par La Presse.

Les lignes de trains de la Rive-Sud (Mont-Saint-Hilaire et Candiac-Delson) ont enregistré des augmentations de clientèle appréciables, par rapport à 2008. La ligne de Mont-Saint-Hilaire bénéficiait toutefois depuis septembre de l'ajout d'un cinquième départ quotidien durant les périodes de pointe du matin et du soir. Quant à la ligne de Delson, c'est la seule du réseau qui soit toujours en développement.

L'augmentation de l'achalandage de presque 10% sur la ligne Saint-Jérôme-Blainville ne peut s'expliquer non plus par les améliorations de service mises en vigueur en janvier, puisque c'est la seule des cinq lignes de trains à n'avoir subi aucun changement d'horaire.

La hausse d'achalandage de 3,3% sur la ligne de Dorion-Rigaud, à l'ouest de Montréal, est plus significative. Cette augmentation s'est produite malgré plusieurs pannes de locomotives et par des retards qui s'allongent, de gare en gare, en raison de la lenteur de l'embarquement et du débarquement, compliqué par la difficulté des passagers de circuler à bord.

En contrepartie, les données pour la ligne de Deux-Montagnes sont inquiétantes. L'achalandage du vaisseau amiral de l'AMT, qui représente presque 50% de la clientèle du réseau, enregistre un léger recul de 1,26%.

C'est la seule ligne du réseau qui ait enregistré une baisse de clientèle, par rapport à janvier 2008. Et c'est, paradoxalement, celle qui a bénéficié de la plus importante amélioration de service, avec 26 nouveaux départs par semaine.

Selon Martine Rouette, porte-parole de l'AMT, ces données pour la ligne de Deux-Montagnes «ne sont pas alarmantes». Janvier, tout comme septembre, est un mois de rentrée, alors que des milliers d'usagers de la route ou des transports en commun modifient leurs habitudes de déplacement. En ce sens, selon l'AMT, les statistiques doivent être interprétées avec prudence.

«Les fluctuations de clientèle ne sont pas inhabituelles en janvier, assure Mme Rouette. L'an dernier, l'achalandage de janvier avait chuté de presque 3% par rapport à celui de l'année précédente, avant de se rajuster par la suite.»