Louangé par la Ville, le règlement entré en vigueur hier risque néanmoins de susciter bien des grincements de dents. Le syndicat des pompiers n'y voit même que des effets pervers.

Selon Michel Crevier, président de l'Association des pompiers de Montréal, plusieurs propriétaires d'immeubles vont choisir de se départir de leur système d'alarme pour éviter de payer les pénalités. Surtout dans les tours à logements des quartiers pauvres, là où les besoins sont pourtant plus importants en raison de la vétusté des immeubles et du nombre important de personnes qui y vivent.

 

«Franchement, on ne voit aucun effet positif (à ce règlement). Ça ne va pas améliorer la sécurité de la population, mais lui nuire», dit Michel Crevier.

Pourtant, à Toronto, on a observé une baisse du nombre d'alertes non fondées depuis l'entrée en vigueur d'un règlement similaire, il y a 10 ans. Michel Crevier croit que ce n'est pas parce que les systèmes d'alarme sont en meilleur état, mais tout simplement parce qu'il y en a moins.

Les autorités municipales répliquent que la Régie du bâtiment oblige les propriétaires à munir leurs immeubles d'un système d'alarme relié à une centrale. Quant aux simples citoyens, «leurs assurances vont augmenter s'ils se débranchent, alors ils vont y perdre au change», assure Sylvain Carrière, chef aux opérations du Service de sécurité incendie de Montréal.

Mais Michel Crevier répond qu'il n'y a pas assez d'inspecteurs pour faire appliquer le Code du bâtiment, en dépit des embauches prévues dans le nouveau schéma de couverture de risques. «On n'est pas contre l'idée d'un règlement, mais là, il s'agit d'abord d'une taxe déguisée», dit-il.

Le maire de Saint-Thomas, René Vincent, reconnaît qu'il a eu maille à partir avec des citoyens quand sa petite municipalité de Lanaudière a décidé de faire payer les coûts des alarmes non fondées à leurs responsables. Il faut dire que la facture était bien plus salée que celle qui sera imposée aux Montréalais: jusqu'à 3000$ pour les particuliers. C'était trop, dit maintenant le maire Vincent: des citoyens s'en sont servi pour régler leurs comptes en envoyant les pompiers inutilement chez un voisin... Depuis janvier, Saint-Thomas a réduit substantiellement les amendes.

À Montréal, les propriétaires d'immeubles et les entreprises d'installation de systèmes d'alarme qui en ont fait la demande ont reçu la visite d'agents d'information du SSIM pour mieux connaître les implications du nouveau règlement, mais aucune consultation publique n'a été menée avant l'adoption du règlement. «On aura certainement des ajustements à faire», reconnaît Sylvain Carrière.