La vague de froid qui a traversé le Québec il y a deux semaines a coûté une fortune à l'une de ses plus lucratives sociétés d'État. Hydro-Québec, qui a enregistré un record de consommation d'électricité pendant cette période, a dû payer 5 millions de dollars en deux jours pour importer du courant de l'Ontario et des États-Unis, a appris La Presse.  

Les 15 et 16 janvier, alors que le mercure se maintenait sous la barre des - 20 °C, Hydro-Québec a dû fournir 37 200 mégawatts à ses clients. L'entreprise fracassait ainsi le précédent record de 36 300 MW, établi quatre ans plus tôt.

Le réseau était alors - et est toujours - privé des 1000 MW que fournit normalement la centrale de Churchill Falls, dans le Labrador. La société d'État a donc dû recourir à des moyens exceptionnels pour alimenter les chaumières québécoises.

Elle a en outre importé en masse de l'Ontario et des États-Unis : pas moins de 85 gigawattheures, la consommation d'environ 10 000 maisons.

Le coût exact de ces transactions reste à déterminer, mais Hydro sait d'ores et déjà que la facture sera salée. Le porte-parole Marc-Brian Chamberland confirme que la compagnie s'attend à payer 11 millions de dollars, un coût moyen de 13 cents le kilowattheure. Comme la société d'État facture ses clients 7 cents le KWh, elle se retrouve avec un manque à gagner de 5 millions.

«Il y a de l'importation à chaque vague de froid, a-t-il indiqué. La différence, c'est que, cette fois, on a importé au maximum des capacités et, en même temps, on a fait appel à d'autres mesures.»

Si Hydro-Québec concède que la somme est importante, elle précise qu'il s'agit d'une goutte d'eau dans l'océan. Chaque année, les Québécois paient environ 10 milliards pour alimenter leurs demeures. Le Québec est le seul endroit au monde, avec la Norvège, où les maisons sont chauffées à l'électricité.

Hydro-Québec n'entend pas construire de nouvelles installations pour éviter d'importer aussi massivement l'hiver. Construire une centrale d'appoint coûterait plus cher que d'acheter à l'étranger dans des périodes de pointe.

«Construire une centrale qui servirait toute l'année, ça ne vaudrait pas la peine, explique M. Chamberland. Parce qu'on n'a besoin de ces outils-là que pour quelques heures dans une année.»

Pas un record d'importation

L'achat à l'étranger de 85 GWh en deux jours ne constitue pas un record pour Hydro-Québec. Étonnamment, l'entreprise importe davantage l'été.

C'est qu'il faut plusieurs heures, voire plusieurs jours, pour éteindre les centrales thermiques américaines et ontariennes. Elles sont donc souvent forcées de produire de l'électricité même si la demande est très faible, notamment pendant les nuits d'été. Hydro profite alors des prix dérisoires pour importer en masse et renflouer ses barrages.