Le gouvernement fédéral savait depuis une trentaine d'années que l'eau était contaminée dans une municipalité où des citoyens le poursuivent depuis 2007 pour des cas de cancer.

Selon l'étude de 1978 obtenue par Radio-Canada par l'entremise de la loi d'accès à l'information, les ministères fédéraux de l'Environnement et de la Défense avaient été prévenus que des eaux usées étaient déversées dans un étang en contact avec la nappe phréatique, à Shannon, une municipalité située près de la base militaire de Valcartier, mais aussi près d'un centre de recherche de l'armée et près d'une ancienne usine d'armement exploitée par une filiale de SNC Lavalin.

Or, les citoyens de la localité ont entamé un recours collectif en 2007 pour obtenir dédommagement du fédéral et de la filiale de SNC Lavalin, en raison du lien à démontrer entre les nombreux cas de cancer et un produit toxique cancérigène, le trichloréthylène (TCE), un dégraissant industriel qui était utilisé dans la fabrication d'armements.

Toujours selon Radio-Canada, l'étude de 1978 précisait que le déversement des eaux usées était «inacceptable». Le terrain où s'effectuait les déversements a été remblayé 16 ans plus tard, mais la décontamination n'a toujours pas été entreprise. Pourtant en 1999, des données obtenues notamment par les ministères fédéral et provincial de l'Environnement et par la Direction de la santé publique indiquaient que la concentration de TCE dans l'eau alimentant Shannon était 180 fois supérieure à la limite autorisée.

Pour étayer leur thèse dans leur recours collectif, les citoyens de Shannon ont fait analyser par un laboratoire américain des tissus cancéreux prélevés sur des personnes touchées. Les échantillons ont démontré des mutations de l'ADN qu'on ne retrouve pas sur les cas témoins qui n'ont pas été exposés au TCE.

Le nombre de citoyens ou d'ex-citoyens de Shannon susceptibles d'avoir droit à un dédommagement pour avoir bu de l'eau contaminée au TCE pourrait atteindre 4000. Le montant total de la réclamation dépassera les 40 millions $ si effectivement 4000 personnes se manifestent.

Les Forces ont terminé des tests, au coût de 8 millions $, pour explorer les options possibles afin de freiner la contamination. La municipalité a pratiquement épuisé les 19 millions $ versés par le gouvernement fédéral pour l'aider à trouver une source indépendante d'eau, et veut maintenant 11,5 millions $ de plus pour parachever le travail.

La superficie touchée par la contamination s'étire sur environ cinq kilomètres de distance. La substance toxique se déverse dans la rivière Jacques-Cartier, à l'ouest de la base de Valcartier, et s'approche très lentement de la périphérie de la ville de Québec, à l'est.