Les opérations de déneigement ont été sérieusement perturbées hier soir, à Montréal. En pleine heure de pointe, près de 600 cols bleus ont cessé de déblayer les rues de la métropole pour protester contre la non-rémunération de leurs heures supplémentaires effectuées depuis le début du mois de décembre.

Le service a été perturbé entre 16h15 et 18h30, la plage horaire où les cols bleus effectuent généralement leurs heures supplémentaires. Dans l'arrondissement de Ville-Marie l'interruption n'aura duré que 30 minutes, mais sur le Plateau-Mont-Royal, les employés auraient débrayé durant plus de deux heures.

C'est dans un «élan spontané» que les employés permanents et auxiliaires dans les neuf arrondissements de l'ancien territoire de la Ville de Montréal ont décidé de cesser de travailler. Le syndicat des cols bleus de Montréal et le syndicat canadien de la fonction publique ont tous deux précisé qu' «ils n'y étaient pour rien dans cette initiative.»

«La situation est inacceptable», a affirmé le directeur des relations professionnelles de la Ville, Jean-Yves Hinse. «Je peux comprendre le mécontentement des employés qui n'ont pas été payés, mais de là à mettre la sécurité des citoyens en danger, c'est très grave.»

Heures impayées

Des documents obtenus par La Presse indiquent que les cols bleus dont la paie relève de la ville centrale n'ont pas été rémunérés pour leurs heures supplémentaires depuis la deuxième semaine du mois de décembre. Pire, plusieurs employés surnuméraires n'ont reçu aucun salaire dans les dernières semaines.

«On est compréhensifs, mais il y a des limites à notre patience», a affirmé une employée auxiliaire qui travaille dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Claudette Bisson. «C'est important de donner un bon service aux citoyens, mais si je ne suis pas payée, je ne vois pas pourquoi j'aurais à donner un service. Il faut que le monde de la paie se déniaise.»

De son côté, le président du syndicat des cols bleus, Michel Parent, a qualifié la situation d'»inacceptable».

«C'est révoltant de voir que le plus gros employeur du Québec ne soit pas capable de payer ses employés à temps, a-t-il affirmé. Je déplore le geste qui a eu un impact négatif sur la population.»

À la Ville de Montréal, on s'explique mal pourquoi les cols bleus n'ont pas été rémunérés.

«J'ai été mis au courant de la situation en fin d'après-midi, a expliqué Jean-Yves Hinse. Il nous manque beaucoup d'informations, mais nous allons examiner le tout avec diligence durant les 48 prochaines heures, puis rapidement prendre des actions pour redresser la situation.»

Entente

Afin de dénouer l'impasse, la Ville de Montréal et le syndicat des cols bleus se sont réunis hier vers 18h devant le Conseil des services essentiels du Québec. Les deux parties se sont entendues un peu avant 22h.

Les cols bleus se sont engagés à reprendre leurs activités normales. En échange, la Ville de Montréal a promis de rembourser les heures supplémentaires dans les deux prochaines semaines. Quant aux cols bleus auxiliaires, ils seront payés dans les deux prochains jours.

Les arrondissements de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont- La Petite-Patrie, Rivière des Prairies-Pointe-aux-Trembles, Ahuntsic-Cartierville, Sud-Ouest et Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce ont été touchés par le débrayage des cols bleus hier soir.

Le déneigement effectué par des contremaîtres du secteur privé n'a toutefois pas été interrompu.

Les cols bleus de Montréal sont sans contrat de travail depuis plus de deux ans. Les négociations se poursuivent, mais à pas de tortue.

Avec la collaboration de Sara Champagne