Mis en lock-out samedi, les employés syndiqués du Journal de Montréal ont rejeté hier, dans une proportion de 99%, les dernières offres patronales qui leur ont été faites. Dans un geste à la fois symbolique et stratégique, ils ont également déclenché une grève générale illimitée.

«Nous voulions éviter que l'employeur nous force à revenir au travail sans convention collective, advenant la levée du lock-out. Nous n'avons pas le contrôle de l'ordre du jour. Nous n'avons le contrôle de rien. C'est maintenant à l'employeur de venir nous voir et de dire qu'il reconnaît que ce conflit n'a pas de bon sens», a déclaré le président du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (CSN), Raynald Leblanc, immédiatement après le vote sur les offres patronales.

 

Des 207 syndiqués présents à l'assemblée, un seul a voté contre le déclenchement de la grève. Les travailleurs ont à maintes reprises applaudi leurs dirigeants syndicaux.

Selon Isabelle Dessureault, porte-parole de Quebecor Media (propriétaire du Journal de Montréal), la décision des syndiqués de déclencher une grève générale illimitée «risque de cristalliser les deux parties dans leurs positions. Notre réaction en est une de désolation», a-t-elle commenté.

Le syndicat entend entamer au cours des prochains jours des moyens de pression économiques contre l'employeur. «On a l'intention de faire une guerre. Nous allons rencontrer les annonceurs du Journal pour leur dire qu'ils annoncent dans un média de piètre qualité. Nous allons demander autant aux annonceurs qu'aux lecteurs de ne plus acheter de publicités et de petites annonces. Le Journal (produit depuis le déclenchement du lock-out) n'est plus fait par des professionnels. C'est un journal de merde!» a tonné M. Leblanc. Le site web Ruefrontenac.com, mis en ligne par les travailleurs dès le déclenchement du conflit, devrait également être alimenté en contenu d'ici demain par les journalistes en lock-out. Les syndiqués auraient même conclu une entente avec une régie publicitaire, grâce à laquelle leur site pourra tirer des revenus.

En matinée, une quinzaine de membres du syndicat ont manifesté devant les bureaux de TVA, accueillant avec une haie d'honneur les journalistes qui montaient dans l'autobus de Star Académie pour une visite de presse au manoir des Péladeau, à Sainte-Adèle. Propriété de Quebecor, tout comme le Journal de Montréal, la direction de TVA n'a pas bronché lorsqu'une journaliste en lock-out est montée à bord de l'autocar en disant couvrir l'événement pour Ruefrontenac.com. Pendant ce temps, plusieurs journalistes et photographes du quotidien de la rue Frontenac recevaient la visite d'huissiers, qui sont venus chercher ordinateurs portables, équipement de photo et voitures de fonction fournis par l'employeur.

Ouverture à The Gazette

Au quotidien The Gazette, où les journalistes syndiqués, sans contrat de travail depuis juin, ont refusé les dernières offres patronales samedi, une ouverture semble se dessiner malgré les rumeurs de lock-out imminent. Une rencontre entre les deux parties est prévue pour demain, en présence d'un conciliateur nommé par le gouvernement. «Nous restons ouverts à une nouvelle proposition de la part du syndicat», a indiqué le vice-président marketing du journal, Bernard Asselin.