Les Québécois sont de plus en plus généreux de leur corps. Littéralement. Que ce soit pour un foie, un rein ou un coeur, le nombre de donneurs d'organes a bondi pour atteindre un sommet historique en 2008.

Les données les plus récentes de l'organisme Québec-Transplant révèlent que 453 personnes ont reçu 513 organes prélevés auprès de 151 donneurs décédés l'année dernière. Des chiffres bien maigres à première vue, mais au cours des 10 dernières années, le nombre de donneurs ne s'était jamais bien détaché de la moyenne de 136. La hausse frise les 10% en 2008.

 

Cette augmentation du nombre d'organes disponibles est d'autant plus étonnante que le nombre de décès neurologiques connaît, lui, un déclin grâce aux progrès de la science, qui permettent de sauver de plus en plus de victimes d'accidents de la route, et aux succès des récentes campagnes de sécurité routière.

«Les Québécois se mobilisent de plus en plus en faveur du don d'organe et sont de plus en plus sensibles à cette question», croit Louis Beaulieu, directeur général de Québec-Transplant. Un sondage réalisé en 2008 pour Québec-Transplant indique que 55% des Québécois ont pris des mesures pour faire don de leur corps après leur décès, soit près de 10% de plus que dans un coup de sonde mené quatre ans plus tôt. Autre signal encourageant: la Chambre des notaires du Québec a lancé en 2005 un registre national des consentements au don d'organes et de tissus qui compte déjà plus de 350 000 signatures - soit deux fois plus que prévu.

La liste d'attente s'allonge

Mais le chemin qui reste à parcourir est impressionnant, et le portrait dévoilé hier par l'organisme est loin d'être rose. La liste d'attente pour la transplantation grandit elle aussi: 1159 personnes étaient inscrites sur la liste unique au 31 décembre 2008, contre 1106 en 2007, et 1040 en 2006. La très grande majorité d'entre elles ont besoin d'un rein et peuvent être traitées temporairement par dialyse, mais certains Québécois mourront certainement cette année faute d'avoir reçu l'organe tant attendu. «La transplantation est devenue une manière de traiter les malades. Les gens vivent plus longtemps, ont des problèmes de santé plus complexes, ce n'est pas étonnant que cette liste continue d'augmenter», explique Louis Beaulieu.

Une partie de la solution réside dans la sensibilisation du public et les campagnes en faveur de la signature de l'autocollant pour le consentement au don d'organe apposé au verso de la carte d'assurance maladie. Certains mythes ont encore la vie dure. «Des gens croient que cela ne vaut pas la peine de consentir au don parce qu'ils se croient trop vieux, mais on travaille de plus en plus avec les donneurs âgés», dit M. Beaulieu. L'an dernier, un malade a pu être sauvé grâce au foie d'un donneur de 88 ans. Un autre a retrouvé la vue en recevant la cornée d'un donneur de 102 ans.

 

TEMPS D'ATTENTE

Temps d'attente moyen des patients par organe transplanté (en jours)*

> Coeur : 200

> Poumons : 481

> Foie : 261

> Pancréas : 447

> Rein : 780

*données pour 2007, dernière année disponible.

Source : Québec-Transplant