Le Québec est en voie de connaître son meilleur bilan routier avec une baisse anticipée de 8,4% du nombre de morts en 2008. Certes, il faut se féliciter de ces résultats, mais sans baisser la garde. En effet, la province est encore loin d'égaler les succès obtenus dans d'autres pays.

La plus récente compilation de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) dénombrait 481 pertes de vie en date du 31 octobre, soit 44 de moins qu'à pareille date l'année dernière. Si la tendance se maintient, 2008 pourrait se terminer sur un bilan d'environ 560 victimes. Ce qui ferait tomber le record de 2007, où 608 personnes sont mortes sur les routes.

On constate aussi une diminution de près de 20% du nombre de blessés graves, qui est passé de 2493 en 2007 à 2002 en 2008, toujours en date du 31 octobre.

«Ce qui a été dominant cette année (en 2008), c'est qu'on sent que la sécurité routière est devenue une priorité. Elle est passée du cinquième au deuxième rang des enjeux pour les Québécois», explique Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière. Il tire cette statistique d'un sondage réalisé au cours de l'année dernière.

L'année 2008 a été l'occasion de serrer la vis aux automobilistes, notamment pour la vitesse excessive et l'alcool au volant, responsables de la moitié des accidents mortels.

«L'augmentation du nombre de contraventions pour vitesse excessive a fait mal au portefeuille des récalcitrants et a dissuadé beaucoup de gens de rouler trop vite», précise M. De Koninck.

Des efforts additionnels devront être consentis cette année pour convaincre les conducteurs de « lever le pied ». L'arrivée des radars photo devrait avoir un effet certain.

«La statistique qui m'impressionne le plus est celle qui démontre qu'une baisse de 1 km de la vitesse moyenne améliore le bilan routier de 3%. C'est une règle universelle. Si on réussit à faire baisser la vitesse moyenne de 5 km, le bilan s'améliore de 15%», avance celui qui est aussi professeur de mathématiques.

L'interdiction du cellulaire au volant et l'obligation de munir tout véhicule de pneus d'hiver pourraient aussi avoir un effet positif sur le nombre d'accidents mortels.

Les résolutions de 2009

L'année qui commence risque encore de faire parler d'elle en ce qui à trait à la conduite automobile. Plusieurs dossiers majeurs sont à surveiller.

Après l'alcool et la vitesse, la SAAQ doit maintenant s'attaquer au phénomène de la fatigue au volant. Selon M. De Koninck, de 20 à 25% des accidents mortels y seraient liés.

«C'est sûr que la technologie peut nous venir en aide. Par exemple, il existe des appareils qui détectent les mouvements oculaires et envoient un signal pour maintenir le conducteur éveillé.» La solution passe également par la sensibilisation.

M. De Koninck attend aussi avec impatience le retour du cours de conduite obligatoire, promis pour 2009. «Les chercheurs avaient conclu que suivre ou non un cours n'avait aucun impact sur le nombre d'accidents. Mais la refonte du cours, un genre de réforme, devrait le rendre plus pertinent. Il faudra aussi voir à uniformiser la formation offerte dans les écoles, qui est actuellement très inégale.»

Enfin, il devrait aussi être question d'abaisser à ,05% la limite d'alcool permise au volant. «Ce dossier n'est pas clos. En Suède, l'alcoolémie légale est à ,02%. Nous avons encore des efforts à faire pour atteindre le bilan de pays comparables au Québec, qui est de 325 à 350 morts sur les routes chaque année», conclut M. De Koninck.