La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a dépensé 80 463 $ pour des balles et des tés de golf en quatre ans, soit de 2004 à 2008, révèlent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Avec cette somme, la société d'État, dont l'un des mandats est d'assurer les prêts hypothécaires des propriétaires de maison, a pu mettre la main sur 41 472 balles de golf durant cette période. Une porte-parole de la SCHL, Stéphane Rubec, a expliqué que les balles en question ont été achetées principalement pour des tournois de bienfaisance dans le cadre des activités d'assurance prêt hypothécaire de la SCHL.

Elle a ajouté que ces activités de collecte de fonds ont profité à des associations caritatives de partout au Canada, comme Habitat pour l'humanité et la Calgary Homeless Foundation. Elle a affirmé que l'achat de ces balles a été approuvé par la présidence de la SCHL Karen Kinsley.

«Toutes les dépenses sont soumises à un processus d'approbation rigoureux et normalisé à l'échelle de la SCHL. (...) La SCHL dispose d'un solide cadre de responsabilisation. C'est la présidente de la SCHL qui approuve les dépenses des vice-présidents. Celles de la présidente sont approuvées par le chef des finances de la SCHL», a indiqué Mme Rubec.

Elle a tenu à souligner que les activités d'assurance prêt hypothécaire de la SCHL ont rapporté plus de deux milliards de dollars en 2007, et le revenu net après impôt s'est élevé à plus d'un milliard.

«L'équipe de la SCHL chargée de l'assurance prêt hypothécaire exerce ses activités dans un contexte de concurrence, sans qu'il en coûte un sou aux contribuables», a-t-elle dit.

L'achat de ces balles de golf a fait surface dans un document préparé à l'intention de la ministre responsable de la société d'État, Diane Finley, par les responsables de la SCHL. Ces derniers voulaient prévenir la ministre que des documents relatifs aux dépenses de la SCHL avaient été divulgués en vertu de la Loi sur l'accès à l'information et qu'elle pourrait être interrogée à ce sujet à la Chambre des communes par les partis de l'opposition.

Le bureau de Mme Finley, qui est ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, a dirigé toutes les questions au sujet de cette affaire vers la SCHL.

Interrogé à ce sujet, hier, le critique bloquiste responsable du dossier de la SCHL, Christian Ouellet, cachait mal son incrédulité.

«Quatre-vingt mille dollars, c'est le prix d'un logement pour personnes démunies. Je trouve cela assez incroyable d'autant plus qu'on ne construit plus de logements abordables aujourd'hui. La SCHL met de l'argent de côté d'une manière importante. Je ne comprends pas comment une société d'État qui n'a pas besoin de faire de publicité consacre autant d'argent à de la publicité», a affirmé le député Ouellet.

Ce n'est pas la première fois qu'une histoire de balles de golf cause des maux de tête aux autorités canadiennes. Au plus fort de la controverse sur le scandale des commandites, on avait appris que le programme des commandites avait notamment servi à acheter des balles de golf portant la signature de l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien.

Avec la collaboration de William Leclerc