Pas de pitié pour les retardataires. Les policiers du Québec séviront dès ce matin contre les conducteurs qui n'auront pas équipé leur voiture de pneus d'hiver.

En vertu de la nouvelle loi qui est entrée en vigueur à minuit, tous les Québécois qui prendront le volant d'une automobile munie de pneus quatre saisons ou même de pneus d'été entre le 15 décembre et le 15 mars seront passibles d'une amende de 200 à 300$. Les autorités policières n'ont pas prévu de leur accorder de période de grâce, aussi petite soit-elle, comme ce fut pourtant le cas lorsque les nouvelles restrictions au sujet du cellulaire au volant ont été adoptées.

«Les gens connaissaient depuis longtemps la date butoir, ils avaient tout le temps de se conformer», dit Ann Mathieu, porte-parole de la Sûreté du Québec.

Pour le moment, la SQ ne compte pas dresser de barrages routiers dans le but précis de vérifier les pneus des automobilistes. «Mais ce sera désormais une vérification de routine chaque fois qu'un agent va interpeller un automobiliste, pour un excès de vitesse, par exemple», ajoute-t-elle.

Et des fautifs, il y en aura à coup sûr ce matin sur les routes du Québec. Plusieurs garages montréalais confirment que leurs carnets de rendez-vous sont encore bien garnis pour les prochains jours, voire parfois jusqu'au début du mois de janvier.

Des affaires d'or

Dans ces conditions, les garagistes n'ont certainement pas ressenti l'ombre du fameux ralentissement économique qui fait tant jaser en ce moment. Selon Unimax, un regroupement de 130 détaillants de la province, la hausse de l'achalandage varierait entre 10 et 25%. Les affaires seraient particulièrement bonnes dans l'île de Montréal, où la proportion de conducteurs ne possédant pas de pneus d'hiver en 2007 était aussi la plus élevée.

Hier, à la veille de l'entrée en vigueur des dernières modifications, «c'était plein comme un 24 décembre dans un centre commercial. Comme pour les cadeaux, les gens ont encore attendu à la dernière minute», raconte Henri Gharzouzi. À l'atelier Pneus mobiles, les journées de travail se sont étirées sur plus de 15 heures toute la semaine.

«On est très occupés depuis le mois de septembre, et on doit ouvrir sept jours sur sept depuis l'Action de grâce pour répondre à la demande», dit Christophe Burke, du Centre d'auto Merson, dans l'Ouest-de-l'Île.

Des modèles épuisés

Aux grands maux les grands remèdes : certains ont commencé à se préparer dès le printemps dernier. «On est passé de 13 à 18 ateliers, on a loué un stationnement supplémentaire pour les clients, on a embauché cinq employés à temps plein et une dizaine à temps partiel», énumère Henri Gharzouzi.

Et même s'ils ne reçoivent pas d'amende, certains retardataires paieront cher leur négligence. La demande a été telle pour certains types de pneus que l'offre n'a pas toujours suivi. Les modèles les plus économiques sont partis les premiers. «On a parfois posé des pneus haut de gamme qui valaient plus cher que la vieille voiture du client!» s'étonne encore M. Gharzouzi.