La mort d'un homme de 33 ans atteint d'une lourde déficience intellectuelle dans une maison de répit de Sherbrooke soulève de sérieuses questions quant à l'encadrement qui est offert aux personnes vulnérables dans les résidences spécialisées du Québec.

Lorsque Diane et Christian Roy sont allés reconduire leur fils Sébastien à la résidence Envol, à Sherbrooke, pour un répit de deux semaines, ils étaient persuadés qu'il y serait en parfaite sécurité. Ils se trompaient. Après la première semaine, Diane Roy a reçu un appel de la résidence. Son fils, atteint d'une grave déficience intellectuelle, d'épilepsie et d'hyperactivité, s'était noyé dans son bain. On a tenté de le réanimer. Le décès a été constaté à l'hôpital.

Selon la famille, les employés auraient omis de donner à Sébastien ses médicaments contre l'épilepsie. Ils l'auraient ensuite laissé seul dans son bain. «Il aura fait une crise», croit sa mère. Plus de deux ans après la tragédie, la blessure est encore vive. «On leur faisait confiance», dit la femme. «J'ai baissé ma garde. Je n'aurais pas dû.»

Elle, son conjoint et leur fille ont intenté mercredi une poursuite contre le Centre Notre-Dame de l'Enfant, qui gère l'Envol. «Il faut dénoncer le manque de contrôle du réseau de la santé et des services sociaux sur les ressources offrant du répit pour les proches des personnes vulnérables, estime leur avocat, Me Jean-Pierre Ménard, spécialiste en droit médical. Les services dans le réseau sont très inégaux. Ça manque de structure.»

L'histoire de Sébastien Roy n'en est qu'une parmi d'autres. «Les incidents sont nombreux. On entend des histoires de fractures, de brûlures et de toutes sortes de blessures, dénonce Diane Milliard, de l'Association du Québec pour l'intégration sociale (AQIS). Ce n'est pas le premier cas. Il y a déjà eu des rapports du coroner. Pourtant, rien ne change.»

Au centre de réadaptation en déficience intellectuelle et troubles envahissants du développement (CRDI) de l'Estrie, qui chapeaute le Centre Notre-Dame de l'enfant et l'Envol, on assure que le décès de Sébastien Roy est un «incident de parcours». «Notre personnel est formé et nous sommes accrédités pour la qualité, martèle la directrice générale, Danielle Lareau. Il ne faudrait pas que cet événement ébranle la confiance de nos clients.» Depuis le décès du patient, le CRDI s'est acquitté des recommandations de la coroner Morin, dont celle de mettre en place un protocole de contrôle des médicaments. «Nous avons aussi décidé d'instaurer de notre propre chef un protocole d'assistance au bain adapté à chaque client», dit Mme Lareau.