Il n'y a pas de preuves scientifiques, mais les médias devraient s'interroger sur les conséquences des reportages percutants sur les drames familiaux, observe un comité de spécialistes mandaté par Québec au terme d'un an de réflexion.

L'année suivant le drame perpétré par le cardiologue Guy Turcotte - qui a tué tué ses deux enfants -, en 2011, le nombre de drames familiaux avait connu une augmentation, au Québec. Pour le président du comité, Gilles Tremblay, il n'y a aucune preuve objective que les nombreux reportages, détaillés, sur ce drame aient «un lien direct, mais comme dans le cas du suicide, on peut réfléchir tous ensemble». Devant le nombre de drames familiaux survenus après l'affaire Turcotte, le ministre libéral Yves Bolduc avait demandé qu'un comité d'experts étudie la question après la suggestion de la députée péquiste Danielle Doyer.

Rendant public le rapport du groupe, un an plus tard, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, souligne que le Conseil de presse «sera invité à faire une recension des écrits sur la question pour mieux documenter les effets du traitement médiatique des homicides intrafamiliaux». Dans les cas de suicide, les médias s'imposent des règles strictes de discrétion puisqu'il est démontré que la diffusion de ces gestes a un effet chez les gens aux instincts suicidaires. Au terme de sa réflexion, le Conseil de presse pourrait «enrichir le code de déontologie journalistique» pour respecter à la fois la liberté d'expression et le bien-être général de la société, a expliqué le Dr Hébert.

Habituellement, le nombre de meurtres entre les gens d'une même famille reste un phénomène restreint au Québec, de 30 à 35 par année, bien peu comparé aux 1200 cas annuels de suicide. Ces homicides au sein de la famille représentent le tiers des cas de meurtres, une proportion identique à la moyenne canadienne. Dans 80% des cas, les meurtriers sont des hommes. Plusieurs études avancent que l'alcool et la consommation de drogues peuvent intervenir.

Pour le ministre Hébert, le rapport vient appuyer l'importance de la prévention dans le milieu de travail. Les collègues doivent tirer la sonnette d'alarme lors de comportements erratiques, la consommation d'alcool et l'absentéisme d'un travailleur.

Dans le dossier de Guy Turcotte, certains médias avaient tenté de lancer une campagne pour exiger des peines plus sévères. La solution n'est pas là, selon le Dr Hébert: «Il est démontré que l'approche qui cherche la réhabilitation est plus efficace que des mesures coercitives et des sanctions pour juguler la violence.»