Robert Laramée, qui a été interrogé l'an dernier en lien avec le meurtre de Jolène Riendeau, se dit «harcelé» par les policiers et la mère de la victime. Après avoir porté plainte contre elle, l'homme, qui clame son innocence, songe à la poursuivre.

«Je n'ai rien à voir avec cette histoire-là», a insisté Robert Laramée, hier, devant la porte de son logement, à Montréal.

Robert Laramée, homme frêle de 49 ans, a eu affaire au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à maintes reprises depuis l'an dernier.

Le 6 mai 2011, les enquêteurs l'ont interrogé pendant de longues heures relativement à l'affaire Jolène Riendeau. Le corps de la fillette de 10 ans, portée disparue en avril 1999, avait été découvert quelques mois plus tôt sous un pilier du pont de L'Île-des-Soeurs, à Pointe-Saint-Charles.

Faute de preuves, Robert Laramée a été relâché. La mère de Jolène Riendeau, Dolorès Soucy, ne l'entend pas de cette oreille.

Le mois dernier, au procès de Robert Laramée pour une affaire d'agression sexuelle, Dolorès Soucy l'a frappé devant les journalistes, au palais de justice de Montréal. Elle était furieuse qu'il ait été acquitté du chef le plus grave qui pesait sur lui. Elle a été accusée de voies de fait dans cette affaire.

«C'est grave, ce qu'elle fait. Elle va trop loin», a dit Robert Laramée, qui a accepté de rencontrer La Presse après avoir parlé au chroniqueur judiciaire Claude Poirier, sur les ondes de TVA.

Robert Laramée entend poursuivre Mme Soucy au civil. Il s'est également informé auprès de son avocat sur les recours possibles contre le média qui a révélé son identité et publié sa photo. «C'est plate que notre photo apparaisse dans le journal, surtout quand on n'est pas le meurtrier», a dit l'homme au crâne rasé, vêtu d'un jean et d'un t-shirt gris.

Robert Laramée reconnaît que ses antécédents judiciaires en matière de délits sexuels (qui impliquent un enfant de moins de 16 ans) «n'aident pas» son cas. Mais, selon lui, les policiers le soupçonnent avant tout parce qu'il a toujours refusé de passer le test du polygraphe.

Dès le début de l'enquête, les policiers lui ont demandé de passer le test. À l'époque, Robert Laramée était voisin de la famille Riendeau, à Pointe-Saint-Charles. Sa fille était l'amie de Jolène.

Pourquoi refuse-t-il de se soumettre au détecteur de mensonge? «C'est la manière dont les policiers s'y prennent, a-t-il répondu. Ils m'ont mis tellement sur le stress. C'est du harcèlement.»

Il explique que, jusqu'à l'an dernier, les policiers venaient le voir environ une fois par année pour lui demander de passer le test du polygraphe. Les visites se sont multipliées lorsque le corps a été découvert. Les enquêteurs auraient également rencontré son employeur dans le centre de jour où il travaillait, ce qui lui aurait fait perdre son emploi.

Le matin de son arrestation, les policiers sont arrivés à 6h devant chez lui. «Ils ont bûché dans la porte, ils ont réveillé tout le monde dans l'immeuble, a-t-il raconté. Ils m'ont dit: "On t'arrête pour meurtre." J'ai dit: "Vous faites une grosse erreur, vraiment une grosse erreur."»

Une fois relâché, Robert Laramée a porté plainte en déontologie contre les policiers qui l'ont arrêté. Sa plainte n'aurait pas été retenue. «Ils s'acharnent toujours sur moi au lieu d'aller voir ailleurs. Il y en a des pires que moi», a-t-il dit.

Robert Laramée se dit maintenant prêt à passer un test de polygraphe dans le secteur privé. Il affirme en avoir discuté avec son avocat, Me Marc Labelle.

Le SPVM a dit avoir «entendu ce qui s'est dit dans les médias». «On en prend note, a indiqué Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM. Notre enquête n'est pas terminée. On va y mettre fin seulement quand on mettra la main sur celui qui a commis l'homicide.»

À la demande de son avocat, Dolorès Soucy a refusé d'accorder des entrevues aux médias, hier.