Pour avoir fui les lieux d'un accident qui a coûté la vie à deux de ses amis, samedi soir, le Lavallois Anthony Alfieri a été accusé de délit de fuite mortel hier après-midi, au palais de justice de Laval.
Dans le box des accusés, Alfieri, 26 ans, a gardé la tête basse à la lecture des accusations. En sortant de la salle, l'homme de frêle stature, vêtu d'un coton ouaté bleu marine, a jeté un regard furtif aux nombreux amis des victimes venus assister à l'audience.
L'accident fatal est survenu vers 2h15 dans la nuit de samedi à dimanche. Anthony Alfieri revenait d'un bar avec deux amis quand il a percuté un lampadaire sur le boulevard de la Concorde, à Laval, juste en face du centre commercial Duvernay. La preuve démontre qu'il roulait à haute vitesse lorsqu'il a perdu la maîtrise de sa Pontiac Grand Prix.
Sous la force de l'impact, la voiture s'est ouverte du côté droit et s'est pratiquement pliée en deux, ne laissant aucune chance aux passagers avant et arrière. À l'arrivée des ambulanciers, Corinne Giambona-Gauthier, 23 ans, et Leonardo Facchino, 22 ans, étaient en arrêt cardiorespiratoire. Leur mort a été constatée à l'hôpital.
Après l'accident, Anthony Alfieri, qui s'en est tiré avec quelques ecchymoses, a pris la fuite à pied. Les enquêteurs de Laval étaient sur le point de l'arrêter lorsqu'il s'est lui-même rendu au poste de police peu avant 8h dimanche matin. «Il a abandonné Leo et Corinne dans la rue», a soufflé hier Andrea Arruda, amie de Leonardo Facchino, la gorge serrée par l'émotion. «Comme des chiens», a ajouté Veronica Da Ponte.
Selon des témoins présents au bar, Alfieri aurait consommé de l'alcool avant de prendre le volant. Lisa Lalonde, meilleure amie de Corinne Giambona-Gauthier, avait d'ailleurs refusé de monter avec lui parce qu'elle sentait qu'il n'était pas en état de conduire.
«Il n'était pas overdone, mais il avait bu», a-t-elle dit hier. La jeune femme de 23 ans a d'ailleurs tenté de convaincre sa meilleure amie de faire comme elle, en vain. Dans le groupe d'amis, Alfieri avait la réputation de conduire vite. Il aurait d'ailleurs eu de nombreux accidents.
Anthony Alfieri retournera devant le juge vendredi pour la divulgation de la preuve. D'autres accusations pourraient être portées contre lui, a indiqué le procureur de la Couronne, Pierre-Luc Rolland.
«Il y a encore beaucoup d'expertises à faire et beaucoup de personnes à rencontrer», a indiqué Me Rolland. Anthony Alfieri n'a pas passé d'alcootest puisque le délai de trois heures prescrit par la loi était écoulé lorsqu'il s'est rendu aux policiers.
Soulignons toutefois qu'une accusation de délit de fuite mortel est aussi grave qu'une accusation de conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort. Les deux chefs peuvent entraîner l'emprisonnement à vie. De plus, en vertu de la loi, les déclarations des témoins suffisent pour prouver que le prévenu avait les capacités affaiblies.
Les amis des victimes n'avaient que de bons mots à leur endroit, hier. Leonardo Facchino a été décrit comme un jeune homme souriant dont la joie de vivre était contagieuse, et Corinne Giambona-Gauthier comme une amie d'une rare générosité.
«Elle avait un coeur d'or et était aimée de tous ses amis», ont dit Lisa Lalonde et Tina Gismondi. La victime travaillait dans une entreprise de vente de pièces d'automobile à Laval.
Alfieri, qui habite le quartier Saint-Vincent-de-Paul à Laval, avait plaidé coupable en 2005 à des accusations de vol et d'introduction par effraction. Il n'avait toutefois aucun antécédent en matière de conduite dangereuse.