Plusieurs centaines d'élèves de l'école secondaire Saint-Maxime sont rassemblés dans le stationnement du dépanneur, juste en face de leur polyvalente. Certains d'entre eux lancent des projectiles - canette de soda, boules de neige, contenants de poutine - dans tous les sens. Les jeunes s'excitent, crient et finissent par envahir le boulevard Lévesque, forçant les voitures de police qui se font discrètes à bloquer la circulation en amont.

«Vous venez pour le spectacle, madame?» nous demande une jeune élève, tout excitée (comme la plupart des élèves) à l'idée d'une nouvelle émeute à la polyvalente de Laval, qui fait les manchettes depuis quelques jours. La veille, les policiers avaient dû revêtir leurs casques et leurs plastrons pour disperser la foule de jeunes, qui s'en était prise à une voiture de police.

 

Mais hier, l'échauffourée tant attendue n'a pas eu lieu. Sous l'oeil attentif des caméras, la foule de jeunes s'est déplacée dans tous les sens pendant plus d'une heure dans les rues du quartier résidentiel avoisinant avant de se disperser dans le calme.

L'école Saint-Maxime est réputée difficile. Les bagarres sont «récurrentes», témoignent plusieurs membres du personnel, sans qu'on comprenne toujours bien l'élément déclencheur. Mais jamais les problèmes n'avaient atteint l'ampleur qu'ils ont prise cette semaine. Qu'est-ce qui a mis le feu aux poudres? Plusieurs élèves interrogés par La Presse ont témoigné des vives tensions entre les élèves arabophones et les Québécois de souche.

Lydia nous a demandé de changer son nom. Elle nous a raconté avoir elle-même appelé la police, jeudi, parce qu'elle avait entendu dire que certains jeunes voulaient apporter des couteaux à la bagarre. Le point de départ de toute cette agitation, dit-elle, est le fait qu'un jeune d'origine arabe aurait frappé une Québécoise il y a une semaine. «Son chum s'était fait battre. La fille est intervenue. Elle s'est fait rentrer dans le mur», raconte Lydia.

«On sent constamment la tension dans l'école. C'est le chaos», ajoute un jeune d'origine arabe, qui a lui aussi refusé de donner son nom. «Des bagarres éclatent partout, tout le temps, à la sortie des classes, à l'heure du midi, et même dans les classes», dit-il.

D'autres jeunes estiment que les conflits interethniques n'ont rien à voir avec les bagarres. «C'est juste des jeunes qui se battent pour des niaiseries», dit une élève de quatrième secondaire.

Chose certaine, hier midi, la bousculade avait peu à voir avec un conflit ethnique. Une imposante foule de jeunes s'est rassemblée dans le stationnement du dépanneur et du restaurant qui font face à l'école. Les deux leaders de la bousculade sont plus âgés que les autres et ne fréquentent pas Saint-Maxime. «Je suis juste venu manger une pizza», nous dit l'un d'eux, qui refuse aussi de donner son nom.

Plusieurs membres du personnel, postés de l'autre côté de la rue et armés de walkies-talkies, contemplent la scène, impuissants. «Il n'y a pas de problème à l'école. Ça ne se passe pas sur le terrain de l'école», explique Jean-Pierre Archambault, directeur des communications de la Commission scolaire de Laval, qui nie que l'école soit le lieu de tensions raciales.

La directrice de Saint-Maxime, Sophie L'Italien, était aussi présente hier midi, vêtue d'un dossard orange. Mme L'Italien refuse toutes les entrevues. «J'ai besoin de tout mon temps pour gérer cette situation», se borne-t-elle à déclarer.

Hier, il s'en est fallu de peu pour que la bousculade ne dégénère. Un projectile a atteint une voiture. Son conducteur, manifestement pour prendre les jeunes à partie, a reculé. Après une intervention de la direction, le conducteur a finalement passé son chemin. La police était très présente hier, bien que discrète. «Une présence policière trop soutenue risque d'être une provocation», souligne Daniel Guérin, porte-parole du Service de police de Laval.