Des spécialistes en identité judiciaire de la Police provinciale de l'Ontario (OPP) ont fouillé hier la résidence secondaire de Russell Williams, à Tweed, où ce dernier aurait conduit sa deuxième victime présumée.

Vers 11h, deux camions de l'OPP se sont présentés au bungalow de Williams, l'ex-commandant de la base de Trenton accusé d'avoir tué deux femmes et d'en avoir agressé sexuellement deux autres.Des techniciens vêtus d'une combinaison bleue ont fait des allers-retours entre les camions et la résidence de Cozy Cove Lane.

Vers 19h15, ils en ont sorti une demi-douzaine de boîtes avant de quitter les lieux.

Agressée dans le sous-sol

Selon une information que les autorités n'ont pas confirmée, Russell Williams aurait emmené sa deuxième victime présumée, Jessica Lloyd, dans le sous-sol de son bungalow après l'avoir enlevée à son domicile de Belleville, à 35 km de là, dans la nuit du 28 au 29 janvier.

Le corps de la jeune femme de 27 ans a été trouvé lundi en bordure d'une route de gravier, dans un bois situé à une douzaine de kilomètres du bungalow. Ce sont les aveux de l'accusé qui auraient mené à cette découverte.

L'OPP n'a pas précisé comment et où Jessica Lloyd a été tuée. On sait toutefois qu'elle a été agressée sexuellement, tout comme la caporale Marie-France Comeau, trouvée morte à la fin du mois de novembre dans son domicile, à Brighton.

Le bungalow de Tweed pourrait receler de précieux indices pour les deux enquêtes en cours, mais aussi pour les autres dossiers non résolus qui ont été rouverts au Manitoba, à Toronto et à Halifax depuis l'arrestation du militaire.

Selon les voisins, le colonel Williams venait souvent seul à sa résidence secondaire, sans sa femme, Mary Elizabeth Harriman, qui travaille à Ottawa.

Les meurtres des deux jeunes femmes avaient semé l'inquiétude dans la région, d'autant plus qu'il y a eu d'autres crimes semblables dans le passé.

On avait notamment en mémoire la mort violente de Kathleen MacVicar, 19 ans, dont le corps avait été découvert dans un bois de la base de Trenton, en 2001 (Williams ne serait pas lié à l'affaire, selon la famille de cette dernière).

La peur était encore plus palpable dans Cozy Cove Lane où, au mois de septembre, deux femmes qui vivaient seules ont été agressées sexuellement par un homme cagoulé qui a fait irruption chez elles en pleine nuit.

Selon la rumeur, il les a bâillonnées, déshabillées avec un couteau, attachées sur une chaise et photographiées. La première victime était une mère d'une vingtaine d'années et la seconde, une femme dans la quarantaine.

«C'était la paranoïa totale», a confié une résidante de Cozy Cove Lane qui, comme les autres, a requis l'anonymat. Elle a même ajouté deux serrures à sa porte d'entrée après les étranges agressions du mois de septembre.

Un autre suspect

Les enquêteurs croyaient que l'auteur des crimes habitait le voisinage, mais ne suspectaient pas encore Russell Williams, qui est aujourd'hui accusé des deux agressions. Leurs soupçons se portaient plutôt sur son voisin immédiat, Larry Jones, retraité du ministère des Ressources naturelles.

En octobre, le domicile de Larry Jones avait d'ailleurs été fouillé et son ordinateur, saisi. L'homme de 65 ans avait même dû fournir ses empreintes digitales et un échantillon d'ADN.

Jones n'a jamais compris pourquoi les enquêteurs l'avaient ainsi suspecté. Aujourd'hui, il croit savoir pourquoi. Le corps de Jessica Lloyd a été découvert sur le chemin qui mène à son camp de chasse. Et la veille de la disparition de la jeune fille, le vieux manteau de travail de Larry Jones, ses gants et son briquet avaient mystérieusement disparu de son atelier. Il ne les a jamais retrouvés.

«L'enquête nous le dira peut-être un jour, mais moi, j'ai l'impression que Russell Williams cherchait à me faire arrêter à sa place», a-t-il dit.

Williams, 46 ans, comparaîtra par vidéoconférence jeudi prochain devant le tribunal de Belleville.