Le Loft, un populaire bar du centre-ville de Montréal, devra fermer pour deux mois. La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJQ) a suspendu son permis de bar après avoir constaté que des mineurs pouvaient entrer dans l'établissement en versant un pot-de-vin de 20$ aux portiers.

La décision de l'organisme gouvernemental date du 13 janvier, mais le Loft a fait l'objet d'une surveillance attentive de la part du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pendant plusieurs années.

 

Un soir d'octobre 2005, des agents ont intercepté une dizaine de personnes âgées de moins de 18 ans dans la file d'attente devant le bâtiment. Dès lors, les policiers ont multiplié les visites dans l'établissement, situé boulevard Saint-Laurent près de Sainte-Catherine.

À une quinzaine de reprises, ils ont vu des mineurs dans le bar. Comment y pénétraient-ils? En glissant une somme de 10$ à 20$ au portier, selon des rapports d'agents d'infiltration produits devant la Régie.

La stratégie semblait fonctionner sans problème: lors d'une perquisition en juillet 2008, 41 mineurs se trouvaient sur les lieux.

Des bagarres

Les policiers ont aussi été forcés d'intervenir à plusieurs reprises pour mettre fin à des bagarres. L'une des altercations impliquait un mineur armé d'un poing américain. À quatre reprises, ce sont les portiers eux-mêmes qui étaient impliqués dans les escarmouches.

Dans la seule nuit du 29 février 2008, le SPVM a reçu quatre appels pour des «atteintes à la tranquillité publique». À l'heure de la fermeture, une personne a été tabassée par une dizaine de personnes et une autre a été bastonnée avec un bâton de baseball.

«Les appels ont tous nécessité déplacement des autorités policières, lesquelles signalent une problématique récurrente de même que l'absence de collaboration des portiers», peut-on lire dans la décision de la Régie.

Ce ne sont pas les seuls reproches qui sont adressés à l'établissement. La RACJQ accuse le bar d'avoir fait la promotion d'une «consommation non responsable de boisson alcoolique» en offrant des rabais.

Sommé de s'expliquer par l'organisme gouvernemental, Le Loft a admis ses torts. L'établissement a promis de «mettre en place un système récurrent et étanche relatif à la vérification des cartes d'identité», à augmenter le prix des boissons alcooliques et à ne plus faire jouer de la musique de type gangster rap.

Malgré tout, la Régie a suspendu le permis de l'établissement pour 60 jours.