Quand il a asséné trois coups de couteau à Maxime Rushameza à la sortie d'un bar, la nuit du 26 août 2007, Didier Buzizi a commis un meurtre non prémédité, a tranché le jury en fin d'après-midi, hier, au palais de justice de Montréal.

Le jury a opté pour le plus lourd des trois verdicts auxquels le juge Claude Champagne avait donné ouverture. Les deux autres étaient l'homicide involontaire ou l'acquittement pour cause de légitime défense. Le jury a commencé à délibérer lundi après-midi. Hier matin, il a demandé à réentendre les enregistrements du témoignage de l'accusé ainsi que celui de Diane Rudakenga, qui s'était interposée entre l'accusé et la victime pour calmer le jeu. Les jurés ont également demandé des éclaircissements avec des exemples sur la signification du meurtre au deuxième degré. Ils ont rendu leur verdict quelques heures plus tard.Buzizi écope de la prison à vie. Reste maintenant à décider au bout de combien de temps il pourra demander une libération conditionnelle. La période d'incarcération ne peut pas être inférieure à 10 ans. Les avocats, Mes Thierry Nadon pour la Couronne et Richard Rougeau pour la défense, feront leurs observations à ce sujet demain à 14h30.

Un couteau sous la main

La nuit fatidique, Buzizi traînait un long couteau sur lui, supposément pour se défendre au cas où il aurait été attaqué durant sa tournée des bars. Quand une bagarre a éclaté entre son cousin, Pierre Mumpereze, et Rushameza, à la sortie d'un bar près de la rue Ontario et de l'avenue de l'Hôtel-de-Ville, Buzizi a décidé d'intervenir. Rushameza avait un X-Acto; Buzizi a sorti son couteau et s'en est servi, trois fois plutôt qu'une. Atteint au flanc, au dos et à la tête, Rushameza est mort la nuit même, à l'Hôpital général de Montréal.

Buzizi, rwandais d'origine comme sa victime, s'était fait connaître dans le rôle du petit Dieudonné dans la télésérie Fred-Dy, diffusée en 2001 et 2002 à Radio-Canada. Il avait alors 13 ans. Par la suite, il s'est mis au rap, style «gangsta», sous le nom de Bilo da Kid. Il a purgé une peine de prison en 2006 pour vol qualifié et voies de fait.

«Je ne peux pas dire que je suis contente, mon fils ne reviendra pas, mais justice a été rendue», a indiqué la mère de la victime, hier, après le verdict. Dans son sac à main, elle porte toujours l'image funéraire de son fils, avec les paroles qu'il aurait prononcées une trentaine de minutes avant sa mort, selon des témoins. Alors que des gens riaient d'une jeune fille qui était ivre, il avait dit: «Frères et soeurs, je suis fier d'être rwandais, venant d'un pays fier. Soyons fiers nous aussi. Vivons ensemble avec fierté. Paix et solidarité. Ne laissons jamais tomber personne.»