blank_pagDaniel Cormier, ce pasteur de 58 ans condamné en janvier pour avoir eu des relations sexuelles avec une enfant qu'il prétendait avoir épousée, a été déclaré coupable d'exploitation sexuelle envers une autre adolescente, hier, au palais de justice de Montréal.

blank_pagLes faits se sont produits au milieu des années 90, alors que Cormier dirigeait l'Église du centre-ville, un obscur mouvement évangélique qu'il avait fondé. L'Église, qui comptait une poignée d'adeptes, était située dans un logement de quatre pièces, au centre-ville de Montréal. La victime avait été élevée dans une famille très stricte et axée sur la religion. À titre d'exemple, sa mère l'empêchait de regarder des émissions de télé comme Les Schtroumpfs, qu'elle jugeait sataniques. La jeune fille, qui était apparemment complexée et en froid avec son père, s'est mise à fréquenter l'église de Cormier et a été subjuguée par lui. De fil en aiguille, Cormier s'est engagé à être son père. Mais ce père de remplacement avait une conception bien particulière de son rôle.

Le 2 mai 1995, la jeune fille écrivait dans son journal: «Tout d'abord, j'ai un nouveau père... Je savais que Daniel Cormier était devenu mon père, mais ce que j'ignorait (sic) c'était la signification du mot père dans la Bible et ce qu'un père devait et pouvait faire avec sa fille... Au début, c'était m'asseoir sur ses genoux, ensuite, il me caressait, me donnait des serrettes (sic) et des becs. Tout un changement...» Puis, au sujet d'une retraite au camp Duhamel avec Cormier, la jeune fille confie à son journal: «Le soir, je couchais dans la même chambre que mon père, dans le même lit...»

Une bonne épouse

Les crimes que l'on reproche à Cormier consistent en des attouchements et des baisers. Cormier n'a pas témoigné à son procès, mais on a présenté en preuve une déclaration qu'il avait faite à la police lors de son arrestation, il y a quelques années.

Dans cette déclaration, il niait certains gestes et rejetait la responsabilité des autres sur la jeune fille, dont il disait qu'elle était amoureuse de lui, qu'elle était manipulatrice et menteuse. Pour lui, une femme était comme un «tabernacle sacré», prétendait-il. Enfin, c'est elle qui voulait qu'il lui «enseigne à être une bonne épouse» et qu'il lui «choisisse un mari», disait-il. Ses explications n'ont pas passé la rampe.

«Quelle intention, autre que sexuelle, pouvait animer l'accusé en faisant asseoir la plaignante sur ses genoux, s'étendre avec elle à l'arrière de son véhicule, l'embrasser, lui mettre la main sur son pénis, passer la nuit en retraite dans la même chambre et dans le même lit qu'elle, et lui mettre la main sur les parties génitales», a signalé le juge, avant de déclarer Cormier coupable d'exploitation sexuelle.

Les plaidoiries sur la peine auront lieu le 1er février. La procureure de la Couronne, Anne Gauvin, n'a pas indiqué ce qu'elle allait demander comme peine.

Rappelons que Cormier purge depuis le mois de janvier une peine de cinq ans de prison pour agression sexuelle sur une enfant qui avait 9 ans au début des crimes. Dans ce cas aussi, Cormier s'était posé en protecteur de la petite. Rapidement, il s'était autoproclamé son mari, ce qui avait donné lieu à un interminable débat au procès.