Le grand patron de la Gendarmerie royale du Canada a accusé le responsable de la Commission des plaintes du public contre la GRC de créer une image «erronée» qui laisse croire que la police fédérale a tenté d'entraver le travail de la Commission.

Alors qu'il s'apprête à conclure son mandat à la tête de la Commission, Paul Kennedy est impliqué dans une dispute avec le commissaire de la GRC, William Elliott.

M. Kennedy, qui laissera sa place à la fin de décembre, a livré deux rapports accablants au cours des derniers jours, décrivant la GRC comme une organisation «extrêmement inerte» et peu favorable aux changements.

Dans les deux cas - un rapport sur la mort de Robert Dziekanski et un autre sur l'utilisation d'un pistolet à décharge électrique à l'endroit d'une adolescente de 15 ans des Territoires du Nord-Ouest -, M. Elliott a réagi en produisant des lettres sur le site internet de la GRC dans lesquelles il critique le choix du moment pour la publication de ces rapports et les commentaires de M. Kennedy au sujet de la GRC.

«Ce qui me préoccupe davantage, c'est l'impression laissée par vos commentaires publics voulant que la GRC, et moi-même à titre de commissaire, voulions ou ayons tenté d'empêcher que des rapports critiques à l'égard de la GRC soient rendus publics. Je réfute catégoriquement cette insinuation», a écrit M. Elliott dans l'une de ses deux lettres, publiées vendredi.

«... une mauvaise impression des faits et gestes et des motivations de la GRC a été créée», a-t-il également noté.

En temps normal, les travaux de la Commission englobent une réponse de la GRC, mais M. Kennedy a publié ses deux plus récents rapports avant que la force policière canadienne n'ait eu le temps d'y réagir.

Dans l'une de ses lettres, M. Elliot affirme que la GRC s'est efforcée de transmettre son avis dans l'affaire «Arctic Tern», mais ne pouvait le faire dans le dossier relatif à la mort de Robert Dziekanski avant les conclusions d'une enquête publique en Colombie-Britannique, qui doivent être connues au début de 2010.

Quand M. Kennedy a néanmoins décidé de publier le rapport relatif à Robert Dziekanski, M. Elliott s'est opposé et a qualifié le geste de «dérogation de l'usage» l'ayant laissé perplexe.

De son côté, M. Kennedy a accusé M. Elliott de vouloir contrôler le moment où l'information serait rendue publique en lui demandant de ne pas dévoiler les rapports avant que la GRC ne prépare sa réponse.

Il a rappelé quelques exemples de cas où la GRC a pris un ou deux ans à répondre à des rapports de la Commission, et noté que des délais supérieurs à trois mois étaient monnaie courante.

«Sa perception selon laquelle je ne peux pas dévoiler un document avant que lui ou des membres de son personnel ne l'aient vu, analysé et y aient réagi - si ça devait être le cas -, réduirait notre organisme de révision à rien de moins qu'une imposture», a déclaré M. Kennedy, en entrevue.