Ce sont de mauvaises directives, une supervision défaillante et des méthodes de travail dangereuses qui ont causé la mort d'un laveur de vitres le 18 août dernier, selon le rapport produit mercredi par la Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec.

Cette mort rappelle par ailleurs l'extrême danger du travail en hauteur, a souligné l'organisme, qui a établi que 4000 travailleurs québécois, dont 638 à Montréal, ont fait une chute de plus de 3 m en 2008. Huit en sont morts. «C'est un problème sérieux, estime Alexandra Reny, porte-parole de la CSST. C'est dangereux de travailler en hauteur, on ne peut faire aucune erreur.»Depuis 2001, la CSST applique une politique de tolérance zéro dès qu'elle constate ou qu'on lui signale des infractions aux règles de sécurité du travail en hauteur, affirme la porte-parole. Dans le cas des laveurs de vitres, la CSST est intervenue 150 fois (avis de correction ou d'infraction) durant cette période. À Montréal, quatre accidents ont causé la mort de deux travailleurs et des blessures graves à deux autres. «C'est un milieu que l'on connaît bien», assure Mme Reny.

Constat d'infraction

En ce qui concerne la mort d'André Laroche, ce contremaître tombé du 20e étage le 18 août dernier, la CSST a remis un constat d'infraction à son employeur, l'entreprise Mon laveur de vitres. La petite firme de Saint-Roch-de-l'Achigan, qui fait l'objet pour la première fois d'une enquête de la CSST, est montrée du doigt pour avoir compromis la sécurité de ses travailleurs. Elle écope également d'une amende qui pourrait atteindre 20 000$, selon ce que déterminera la Cour du Québec.

Selon l'enquête de la CSST, M. Laroche était responsable des travaux sur la façade du 550, rue Sherbrooke Ouest au moment du drame. Avec un ouvrier, il déplaçait la machinerie sur le toit pour permettre à deux collègues d'attaquer une nouvelle partie de l'édifice. Cette opération, a établi la CSST, n'a pas été faite dans les règles de l'art et a mis la vie du contremaître en danger. De plus, ni M. Laroche ni son ouvrier sur le toit ne portaient de harnais de sécurité. En fait, les quatre hommes ne disposaient que de deux harnais, qu'on réservait à ceux qui travaillaient sur la plateforme, plus bas. Enfin, le contremaître avait décidé, contre les règles de sécurité, d'attacher un câble électrique à un des appareils sur le toit, provoquant un déséquilibre.

C'est ce concours de circonstances qui a fait que le contremaître a fait une chute mortelle de près de 62 m. «On fait face ici à une mauvaise organisation du travail et à des lacunes de supervision, explique Sèdoté Ghislain Hounkpe, inspecteur à la CSST. De plus, le port du harnais était laissé au choix des travailleurs. Cet équipement n'aurait pas empêché la chute, mais lui aurait probablement sauvé la vie.»

Il a été impossible d'obtenir les commentaires des responsables de l'entreprise Mon laveur de vitres.