L'escouade Marteau mise sur pied cet automne par le gouvernement Charest se manifeste pour la première fois. Des policiers ont investi mardi matin deux bâtiments municipaux de Boisbriand et les locaux de la firme Infrabec, qui aurait été impliquée dans une tentative pour truquer les dernières élections municipales.

Des agents de la Sûreté du Québec se sont présentés à l'hôtel de ville et au service d'ingénierie de Boisbriand, situés dans deux immeubles différents. Ils ont également perquisitionné dans les locaux de la firme Infrabec. Cette entreprise a décroché plus de la moitié des contrats attribués par la Ville au cours des cinq dernières années, dont celui pour la réfection de l'usine d'épuration en 2007.Selon un reportage diffusé à Radio-Canada plus tôt cet automne, le vice-président de l'entreprise, Lino Zambito, a tenté de convaincre les deux seuls conseillers de l'opposition d'accepter une entente pour que l'ex-mairesse Sylvie St-Jean soit la seule à se présenter au scrutin du 1er novembre. Les conseillers en question, Marlene Cordato et Patrick Thiffault, ont refusé et ont dénoncé le stratagème. Mme Cordato a été élue mairesse de Boisbriand le 1er novembre.

Les policiers de l'escouade Marteau ont saisi des documents relatifs à des contrats accordés par la municipalité et scruté les serveurs informatiques. Selon nos informations, ils étaient à la recherche de preuves relatives aux allégations de collusion et de corruption dans cette ville de la couronne nord. Des enquêteurs ont aussi rencontré des employés municipaux, indique-t-on, mais personne n'a été arrêté.

La mairesse Cordato promet de collaborer avec les enquêteurs. Mais elle n'a pas été en mesure de révéler quels documents ont été saisis par les enquêteurs. Pour elle, c'est la preuve que les élus municipaux doivent changer leurs façons de faire.

«On a à démontrer beaucoup de transparence dans la façon dont on va travailler à partir de maintenant pour que les gens puissent suivre tous les processus, a déclaré Mme Cordato. Habituellement, quand les gens ne suivent pas les processus, il y a des questions qui se posent.»

Les perquisitions sont survenues quelques heures avant le conseil municipal, qui a été plus couru qu'à l'habitude. Une cinquantaine de citoyens se sont rassemblés à l'hôtel de ville, et certains ont questionné la mairesse sur l'attribution de contrats municipaux.

L'un d'entre eux, un ancien candidat indépendant, a proposé de mettre en place un mécanisme de vérification externe dans l'attribution des contrats importants.

«On va regarder l'ensemble des mécanismes disponibles pour que l'attribution des contrats soit faite dans la transparence et dans l'éthique, et que les choix qui sont faits sont dans le meilleur intérêt des citoyens», a promis la mairesse Cordato.

Les conseillers de l'opposition, qui étaient au pouvoir sous l'ancienne administration de Sylvie St-Jean, se sont également dits prêts à collaborer avec les policiers.

«Que ce soit les employés ou les formations politiques, on n'a rien à voir là-dedans, a indiqué Gilles Sauriol, conseiller du district du Gué. S'il y a de la collusion entre entrepreneurs, que la police fasse son enquête et règle le problème. Au point de vue des appels d'offres, ça a été fait de la manière dont ça doit être fait.»

Aux locaux de la firme Infrabec, rue Ambroise-Lafortune, personne n'a pu commenter les perquisitions menées mardi matin.

Pas moyen non plus de laisser un message au vice-président, Lino Zambito, ni même d'obtenir un numéro de téléphone pour faire une demande d'entrevue en bonne et due forme. «Allez voir sur l'internet», a suggéré l'employée.

Rencontrée chez elle à Boisbriand, l'ancienne mairesse Sylvie St-Jean n'a pas voulu commenter la frappe policière en cours à l'hôtel de ville.

«Je ne peux rien te dire, je viens tout juste d'apprendre ce qui se passe à la télévision», a souligné Mme Saint-Jean, qui a dirigé la ville entre 2005 et 2009.