Le sort de Normand Janelle, accusé d'un double meurtre prémédité survenu il y a 30 ans, n'est pas encore scellé. Après quatre jours de délibérations, les douze jurés n'arrivent vraisemblablement pas à s'entendre sur un verdict à imposer à l'homme de 65 ans au palais de justice de Longueuil.

Les délibérations auront été plus longues que la preuve présentée au procès (deux jours pour la Couronne et une demi-journée pour la défense). Les jurés délibèrent depuis jeudi dernier. Le juge de la Cour supérieure Jean-Guy Boilard dirige le procès. Depuis jeudi, les jurés ont posé une seule question au magistrat. Ils ont demandé à obtenir une photo d'une arme à feu de calibre .38 (calibre qui aurait servi à tuer les deux victimes). L'arme du crime n'ayant jamais été retrouvée, le juge leur a refusé cette requête puisque cela ne fait pas partie de la preuve.

Le sort de Janelle repose essentiellement sur la crédibilité que le jury accordera à la version de son ex-conjointe, Claudette Verret.

Au moment des plaidoiries la semaine dernière, la défense a dépeint le témoin principal de la poursuite, Claudette Verret, comme une «alcoolique dépressive» qui a donné une «version invraisemblable» de ce qui s'est déroulé dans la nuit du 18 au 19 août 1979. Nuit durant laquelle sa soeur, Diane Verret, et son beau-frère, William Thériault, ont été tués par balle. Les corps ont été retrouvés six jours plus tard.

Mme Verret a décidé de témoigner contre son ex-conjoint après avoir elle-même été reconnue coupable du double meurtre prémédité au terme de son procès. Elle n'avait pas témoigné à son propre procès.

La femme de 61 ans n'a pas vu l'arme du crime ni été témoin du double meurtre, a souligné l'avocate de la défense, Me Josée Veilleux au moment des plaidoiries.» Mme Verret a une mémoire floue et une propension forte à interpréter les événements», a ajouté l'avocate de Normand Janelle. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée. Aucune empreinte de l'accusé n'a été relevée sur la scène du double meurtre.

«Se réconcilier»

Chose certaine: Normand Janelle et Claudette Verret ont rendu visite aux victimes cette nuit-là. Selon la défense, leur objectif était de «se réconcilier», alors que les deux couples ne s'étaient pas parlé depuis quatre mois. Et si Claudette Verret a fourni 200$ à son conjoint pour aller acheter une arme la nuit du double meurtre, c'était pour se «protéger» contre son beau-frère «dangereux», qui en possédait au moins une à la maison.

Selon la thèse de la Couronne, Normand Janelle aurait tué les deux victimes par balle, mais c'est Claudette Verret qui a commandé les meurtres. Le mobile de Janelle n'est pas clair aux yeux de la poursuite. Cela peut être par amour pour sa conjointe ou en raison de sa haine envers William Thériault, ou encore pour toucher l'argent d'une assurance vie de 30 000$ de Diane Verret, dont Claudette était bénéficiaire. Ou pour toutes ces raisons.

La Couronne a insisté sur le fait que Claudette Verret n'avait pas reçu d'avantages en échange de son témoignage. «Cette nuit-là, l'accusé lui a demandé ce qu'il devait faire avec sa soeur. Elle a répondu: fais ce que tu veux. Est-ce qu'on peut penser sérieusement que c'était une rencontre dans le but d'une réconciliation?» a dit le procureur de la Couronne, Sacha Blais lors de ses plaidoiries.

Dans la noirceur

À l'époque du double meurtre, la police de Longueuil n'a jamais eu de soupçons envers la famille de Diane Verret. Les enquêteurs avaient dans leur ligne de mire plusieurs fréquentations criminelles de William Thériault.  Claudette Verret et Normand Janelle ont été arrêtés 29 ans plus tard, dénoncés par la colocataire de Claudette Verret, Marie-Perle Lapalme, à qui cette dernière venait de se confier.