L'heure est venue de mener une vaste enquête parlementaire sur le problème grandissant que représente la contrebande de cigarettes au pays, estime le sénateur conservateur Hugh Segal.

M. Segal a déposé une requête en ce sens la semaine dernière au Sénat. Les sénateurs évalueront le mérite de cette requête d'ici deux semaines.

 

En gros, le sénateur souhaite qu'un comité du Sénat examine tous les aspects de la contrebande du tabac: la vente de produits illicites aux jeunes, les effets préjudiciables de ce phénomène grandissant sur les petites entreprises légitimes, ainsi que la capacité des gouvernements de lutter contre les «responsables de ce commerce illégal au pays».

La semaine dernière, La Presse a rapporté que les groupes criminels organisés comme les Hells Angels trempent de plus en plus dans la contrebande de cigarettes au pays. Selon les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), une centaine d'organisations criminelles ont investi le marché lucratif de la contrebande de tabac.

L'ampleur du commerce illicite est telle que les profits de la contrebande de cigarettes rivalisent maintenant avec ceux des drogues, selon certains experts. Depuis 2001, les saisies de cigarettes de contrebande réalisées par la GRC ont d'ailleurs bondi de 2100%.

En entrevue à La Presse, M. Segal a affirmé qu'une enquête publique est de mise pour évaluer les tenants et aboutissants de ce problème que le gouvernement fédéral, le Québec et l'Ontario ainsi que les autorités policières n'arrivent pas à contrer efficacement.

Le sénateur s'est dit inquiet de constater que les adolescents constituent une clientèle importante des produits de la contrebande.

Il a affirmé qu'en Ontario, la moitié des cigarettes qui sont vendues proviennent de la contrebande. Les gouvernements perdent des revenus importants à cause de ce problème, a-t-il rappelé.

Selon les dernières estimations, le fisc fédéral perd annuellement 2 milliards de dollars en revenus à cause de la contrebande tandis que l'Ontario et le Québec perdent respectivement 500 millions de dollars et 300 millions de dollars par année.

«En tant que citoyen, ce problème me dérange beaucoup. Nous vivons dans une société de droit et non pas dans une société où l'intimidation est la loi de la part de groupes criminels. Je pense que je ne serai pas le seul sénateur à vouloir étudier cette question», a affirmé M. Segal.

Si tout va comme prévu, le sénateur croit qu'un comité parlementaire pourrait se pencher sur cette question au printemps ou à l'automne 2010.