L'ex-directeur général du Parti libéral du Canada, Benoît Corbeil, a fraudé et fait du trafic d'influence pour le Parti libéral du Canada, jamais pour lui-même, a-t-il assuré ce matin, devant la juge Suzanne Coupal, alors qu'on discutait de la peine à lui imposer.

«L'argent, c'est le nerf de la guerre», a-t-il lancé, en expliquant qu'il avait agi ainsi parce que le parti avait besoin d'argent pour gagner. C'est comme ça que ça fonctionnait, a-t-il laissé entendre. «On avait des problèmes de financement, on était régulièrement en difficulté, je devais remplir les salles pour les congrès», a-t-il dit en spécifiant qu'il fallait payer les autobus, les bénévoles...

Dans cette histoire, M. Corbeil s'est reconnu coupable d'avoir soutiré 50 000 $ à un homme d'affaires de la Montérégie, en 1997, en échange de la promesse d'une «oreille attentive à Ottawa» pour l'achat d'un terrain fédéral convoité. Il a aussi admis avoir fait six fausses factures totalisant 117 000 $ au Parti libéral. Cet argent aurait fini par aboutir entre les mains de Giuseppe Morselli, qui en menait large au parti, dit-il. L'argent aurait d'ailleurs été réinvesti dans le parti. M. Corbeil admet que Morselli lui a donné 5 000 $, à un certain momenbt, mais il assure que c'était un présent, parce que M. Corbeil allait adopter un enfant en Chine. Il a aussi parlé des deux clans qui existaient au Parti libéral : celui de Jean Chrétien, dont il faisait partie, et celui de Paul Martin.

M. Corbeil a raconté que la politique l'attirait depuis son enfance. Et il a aimé en faire. Mais maintenant, c'est «fini la politique», assure-t-il, en reconnaissant que c'est comme empêcher un joueur de hockey de jouer. Celui qui a fait des études de doctorat en sciences politiques, travaille aujourd'hui comme directeur des ventes dans une entreprise d'entretien ménager, et gagne entre 100 000 et 150 000 $ par année. «Je veux tourner la page. Je veux poursuivre ma vie correctement», a-t-il dit, en espérant éviter la prison. Son avocat, Michel Grenier, demande une absolution avec un don et des travaux communautaires, ou une amende. La Couronne plaidera cet après-midi.