Même s'il s'est décrit comme un simple «pion» dans cette histoire, Benoît Corbeil, ex-directeur général du Parti libéral du Canada, a maintenu son plaidoyer de culpabilité à des accusations de fraude et trafic d'influence, hier, devant la juge Suzanne Coupal.

«Je m'attendais à un retrait de plaidoyer», a fait valoir la procureure de la Couronne Josée Fontaine, lors de cette audience au cours de laquelle devaient se tenir les plaidoiries sur la peine de Corbeil. L'avocate faisait alors allusion au fait que Corbeil, qui a plaidé coupable en juin dernier aux accusations citées plus haut, avait ensuite nié et minimisé ses gestes, dans le cadre d'une rencontre avec un agent de probation, chargé de réaliser un rapport avant sentence à son sujet. Corbeil avait alors indiqué qu'il avait plaidé coupable par « manque de fonds «, et en raison de son épuisement après son passage à la commission Gomery.Au sujet des crimes qu'on lui imputait, il a dit qu'il n'avait été qu'un «pion», et qu'il avait «obéi comme un bon soldat». Son avocat, Me Michel Grenier, a rectifié les propos de son client, hier, devant la juge. Ce qu'il avait voulu dire, c'est que, «dans le feu de l'action, il ne voyait pas l'aspect frauduleux» et qu'en résumé, ça marchait de cette façon dans ce temps-là.

Oreille attentive

En 1997, alors qu'il était coordonnateur régional du Parti libéral, Corbeil avait demandé 100 000 $ à un homme d'affaires de Saint-Jean-sur-Richelieu qui voulait acheter un terrain appartenant au gouvernement canadien pour agrandir sa carrière. Ce «don» devait lui assurer une «oreille attentive à Ottawa», avait fait valoir Corbeil.

Réal Ouimet, propriétaire de la carrière en question, a finalement versé 50 000 $ en argent comptant. Pour rien, manifestement, puisqu'il n'y a jamais eu de suite.

Plus tard, entre 1999 et 2000, alors qu'il était directeur général du Parti libéral, Corbeil a fait de fausses factures pour un total de 117 000 $ à son parti. Au bout du compte, l'argent aurait abouti chez Buffet Trio, entreprise appartenant à Giuseppe Morselli, ancien militant du Parti libéral au Québec. Selon la Couronne, il s'agit de financement illégal de parti.

Me Grenier, assure que son client, qui a été banni du Parti libéral, ne s'est pas enrichi personnellement. Il le démontrera au cours des plaidoiries sur la peine qui ont été reportées au 23 octobre, à la demande des deux parties.

Quoi qu'il en soit, le ministère public entend demander un dédommagement en argent, et une peine de prison ferme. «M. Corbeil a un doctorat. Il savait ce qu'il faisait», a signalé Me Fontaine. Rappelons que la mise au jour de cette affaire est survenue dans le sillage de l'enquête sur les commandites, mais n'y est pas liée directement.