La veuve d'Arturo Gatti dit avoir été «traumatisée» par son séjour en prison et compte poursuivre les autorités brésiliennes, a-t-elle révélé dans une entrevue accordée à un journal brésilien. Les proches du boxeur montréalais ne croient toujours pas à son suicide et soutiennent que la jeune femme ment.

La veuve du boxeur Arturo Gatti, Amanda Rodrigues, intentera une poursuite d'au moins 500 000$US contre les autorités brésiliennes pour l'avoir emprisonnée «sans motifs légaux» et l'avoir accusée à tort du meurtre de son mari. «Je serai toujours une ex-prisonnière», a plaidé la Brésilienne de 23 ans dans une longue entrevue accordée au quotidien brésilien Jornal do Commercio cette semaine.La jeune femme y raconte le «grand choc» subi en prison lorsque des coquerelles se promenaient sur son corps la nuit. Celle qui a vécu une vie de millionnaire durant les deux ans de sa relation avec le boxeur montréalais dit avoir été «traumatisée» par ses 18 jours passés en détention à la prison pour femmes de Recife, la capitale de l'État de Pernambuco. La jeune femme partageait une cellule avec une vingtaine d'autres détenues, alors qu'il n'y avait que quatre lits. Elle devait se laver avec une bouteille d'eau et partager ses repas avec ses codétenues.

Sa vie a été mise en veilleuse le matin où elle a découvert le corps sans vie de son mari, a-t-elle indiqué. Elle n'a pas de projets pour l'instant. «Je vais retrouver la paix lorsque les résultats de la seconde autopsie sortiront», a-t-elle dit. Cette seconde autopsie a été commandée par la famille Gatti, convaincue que le célèbre boxeur ne s'est pas suicidé.

Arturo Gatti, 37 ans, a été retrouvé mort le 11 juillet, dans l'appartement qu'il louait avec sa femme à Porto de Galinhas, une station balnéaire brésilienne. Au lendemain de la découverte du corps, la police a accusé Mme Rodrigues d'avoir étranglé Gatti avec la courroie de son sac à main, alors qu'il était ivre. Le 30 juillet, revirement complet: les autorités brésiliennes ont conclu au suicide, et Rodrigues a alors été libérée.

Amanda Rodrigues est retournée pour la première fois à Recife depuis sa libération, mardi, pour «accélérer» ses démarches de poursuite. Elle voulait aussi récupérer auprès de la police de luxueux bijoux d'une valeur totale de 40 000$US que portait son mari la nuit de sa mort. C'est à cette occasion qu'elle a accordé cette longue entrevue au journal brésilien. Plus tôt ce mois-ci, elle avait envoyé une lettre par courriel à deux quotidiens montréalais, dont La Presse, pour clamer son innocence.

Son avocat, Celio Avelino, estime que la poursuite ne sera pas en deçà de 500 000$US (1 million de reales). Il compte la déposer d'ici trois semaines. «Ma cliente a été arrêtée sans motifs légaux. L'État de Pernambuco a fait une erreur. Elle mérite une indemnisation pour les dommages moraux subis», a-t-il dit à La Presse, joint par téléphone au Brésil.

«J'ai beaucoup souffert»

«J'ai beaucoup souffert. J'ai appris énormément de cette expérience. Je veux maintenant aider d'autres filles qui sont en train de vivre la même chose que moi», a souligné Rodrigues au journal brésilien. En prison, elle s'est liée d'amitié avec deux femmes - l'une accusée de trafic de drogue et l'autre, de meurtre - à qui elle pense régulièrement depuis sa libération, selon le Diario de Pernambuco, auquel elle a accordé une seconde entrevue.

Amanda Rodrigues vit pour l'instant chez ses parents à Minas Gerais, région du centre du Brésil, avec son fils d'un an, Arturo Jr. Elle ne pense pas revenir vivre à Montréal. Elle attend les résultats de la seconde autopsie pour venir toucher son héritage de plusieurs millions de dollars, puis repartir dans son pays natal.

Pas question non plus de céder à la famille Gatti la garde du bébé qu'elle a eu avec le boxeur, comme le réclament les proches du défunt. «C'est ridicule. Je suis vivante. Je n'ai pas tué mon mari. Je ne suis pas en prison. Mon fils vit avec moi. Il n'y a pas mieux qu'une mère pour élever son enfant», plaide-t-elle.

Amanda Rodrigues explique le suicide de son mari par plusieurs facteurs, dont son état «dépressif». Ce soir-là, le couple s'est disputé à la sortie d'un restaurant. «Il m'a poussée», a-t-elle raconté au quotidien brésilien. Elle a alors subi de légères blessures au coude et au menton «Il était soûl. Probablement qu'il a dû éprouver des remords quand il m'a vue saigner. Je crois qu'il a eu peur de me perdre. Je ne crois pas que ce soit une cause, mais plusieurs», a-t-elle raconté en précisant que son mari n'avait jamais parlé de suicide avec elle.

La nuit de la mort d'Arturo, Amanda - qui dormait à l'étage - est descendue dans la cuisine pour aller chercher du lait pour l'enfant. Le corps du défunt y était étendu par terre. «Plusieurs personnes pensent: «Comment se fait-il qu'elle n'a pas vu son corps par terre?» (...) C'est normal qu'à 6h30 du matin, quand je suis allée chercher le lait de Junior, j'étais encore en colère. Je suis un être humain. Quand je me chicane, je ne vais pas aller embrasser la personne avec qui je viens de me chicaner», a-t-elle expliqué. Ce n'est qu'à 9h du matin qu'elle a contacté la police.

Arturo «Thunder» Gatti, né de parents italiens, a grandi à Montréal. Il a mené sa carrière de boxeur professionnel aux États-Unis où il a été champion mondial des super-plumes de l'IBF en 1995 et des super-légers de la WBC en 2004.