Abousfian Abdelrazik, ce Canado-Soudanais rapatrié au pays après six ans d'exil forcé, veut blanchir sa réputation. Ses avocats ont entrepris des démarches auprès du gouvernement canadien pour que son nom soit retiré de la liste des présumés terroristes de l'ONU.

«Je veux que mon nom soit enlevé le plus rapidement possible, a dit hier M. Abdelrazik, lors d'une brève allocution à la Cour fédérale, à Montréal. Parce que c'est injuste, et parce que ça a rendu ma vie très difficile.»

Dix jours après son retour au Canada, Abousfian Abdelrazik s'est présenté devant le juge Russel Zin, mardi après-midi. Le magistrat, qui avait ordonné à Ottawa de le rapatrier dans un délai de 30 jours, voulait ainsi s'assurer que son verdict avait été respecté.

Citoyen canadien depuis 1995, M. Abdelrazik a été arrêté au Soudan en 2003, soupçonné d'entretenir des liens avec Al-Qaeda. Lorsqu'il a été relâché, en 2004, son passeport canadien était échu et Ottawa a toujours refusé de lui en délivrer un nouveau. Il s'est réfugié en mai 2008 à l'ambassade du Canada à Khartoum dans l'espoir d'obtenir ses documents officiels, qui lui ont été délivrés après le verdict du juge Zin, rendu le 4 juin.

Au terme de la courte audience, mardi, l'avocat de M. Abdelrazik, Yavar Hameed, a annoncé qu'il avait demandé une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères et de la Sécurité publique, Lawrence Cannon et Peter Van Loan.

«Le gouvernement a le pouvoir d'entreprendre certaines démarches pour que le nom d'Abousfian Abdelrazik soit retiré de la liste 1267 de l'ONU, et nous voulons savoir si la volonté existe», a dit Me Hameed. Les gens qui figurent sur cette liste ne peuvent posséder de biens ou voyager, entre autres.

Pendant la rencontre, les avocats de M. Abdelrazik souhaiteraient aborder «la question de l'imputabilité du gouvernement». «Le gouvernement du Canada doit reconnaître sa responsabilité pour ce qui est arrivé», a dit Me Hameed, sans préciser si son client envisageait un recours en justice. Le bureau de M. Cannon n'a pas souhaité commenter la situation, affirmant n'avoir reçu aucune demande de rencontre officielle à ce jour.

M. Abdelrazik fera une conférence de presse la semaine prochaine. Rappelons que la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité ont tous deux indiqué qu'ils ne retenaient aucune preuve contre lui.