Wisbens Démosthène, surnommé le violeur de Montréal-Nord du temps où il n'était pas encore identifié par la police, a été condamné à une peine de huit ans de pénitencier, mardi, au Tribunal de la jeunesse, pour neuf agressions sexuelles.

À cause de l'étiquette de délinquant à contrôler qui lui a en outre été accolée, il sera sous surveillance pendant sept ans et demi après sa sortie de prison. Il s'agit d'une suggestion commune des avocats des deux parties, Stephen Angers pour la défense et Sylvie Lemieux, pour la Couronne, que le juge Gaétan Zonato a entérinée.

Les crimes sont survenus entre novembre 2005 et octobre 2006, à Montréal-Nord, où Démosthène habitait avec sa famille. Les victimes avaient entre 13 et 26 ans, et présentaient toutes le même profil: outre leur jeunesse, elles étaient blanches, minces, et Démosthène ne les connaissait pas. Le jeune homme de race noire les attrapait sur la rue et les entraînait à l'écart pour les agresser, allant parfois jusqu'au viol.

Au fil des attaques, il devenait par ailleurs de plus en plus violent. Les trois dernières agressions ont d'ailleurs été commises sous la menace d'un couteau. Démosthène, un grand gaillard tout en muscles, n'avait lui-même que 16 ans quand il a commencé ses crimes. Si on peut l'identifier aujourd'hui, c'est qu'il est soumis à une peine pour adulte.

Selon Me Lemieux, c'est la première fois qu'une demande pour délinquant à contrôler était entendue et accordée par le Tribunal de la jeunesse. La dangerosité de Démosthène justifiait tout à fait l'intervention de la Cour à cet effet, estime Me Lemieux. Selon les tests réalisés à son égard, sa déviance va à l'agression sexuelle impliquant l'humiliation, la violence et le désir d'écraser. Par contre, au centre d'accueil où il est détenu depuis son arrestation, il y a deux ans et demi, il se montre très conformiste.

Des pistes d'explications

Aîné d'une famille de huit enfants, Démosthène a été élevé sous le joug d'un père autoritaire et dominateur, qui avait des attentes élevées pour ses enfants. Intelligent et fort doué dans le sport, le jeune Démosthène devait performer. Selon les évaluations psychologiques, le garçon en est venu à développer de l'égocentrisme, et du narcissisme. Personne ne le soupçonnait cependant.

De son propre aveu, il aimait faire peur aux victimes, et la résistance de certaines d'entre elles l'irritait. «Je devais plus les contrôler, plus leur faire peur... Elles savaient que je contrôlais le jeu, comme au basketball», a-t-il expliqué dans le cadre d'évaluations.

Les rapports réalisés à la demande de la Couronne faisaient état du fait que Démosthène n'avait ni empathie, ni remords. «Ce n'est pas du tout vrai», lance Jean Wizner Démosthène, son père. Ce dernier croit que son fils a de l'empathie, mais qu'il ne le démontre pas.

L'homme est déçu que son fils soit confiné dans une prison pour adultes. «Il a fait quelque chose de mal, il paie pour. Mais croyez-vous qu'entraîner un jeune de 17 ans en prison est bon? Oui je l'aime, c'est toujours mon fils», a dit M. Démosthène, en sortant de la salle d'audience.

Plusieurs victimes ont assisté au prononcé de la sentence. Émues, elles la plupart ont écrasé leurs larmes. Elles se disaient cependant très satisfaites du dénouement et espèrent enfin tourner la page. «Ça allait bien jusqu'au moment où je le voyais au tribunal. Là, je me mettais à trembler. Je suis soulagée maintenant. Je peux avancer, j'ai grandi de ça», de dire Émile, qui avait 17 ans lorsqu'elle a été agressée par Démosthène.