Quand la police a débarqué à l'improviste à 6h du matin chez lui, le 18 mars 2008, Daniel Lesiewicz était déjà engagé dans une séance de clavardage et dans deux séances de discussion au moyen des ordinateurs qui se trouvaient dans sa chambre. L'analyse des disques durs allait révéler de bien pernicieuses discussions.

C'est ce qui se dégage du témoignage que le sergent-détective de la Sûreté du Québec Dany Larochelle a livré, hier, à l'enquête préliminaire de Daniel Lesiewicz. L'homme de 28 ans, soupçonné d'être un cyberprédateur, fait face à plus de 130 accusations, reliées à de la pornographie juvénile et de l'extorsion sur le web. Jusqu'ici, on compte 25 victimes au Québec, mais il pourrait y en avoir beaucoup plus.

Par la supercherie, sous diverses identités, notamment celles de jeunes filles qu'il avait piégées, il aurait incité d'autres jeunes filles à donner des spectacles érotiques devant leur web cam. Il menaçait ensuite de diffuser ces images sur le web, si elles ne faisaient pas d'autres spectacles. Dans certains cas, le cyberprédateur a mis ses menaces à exécution.

L'enquête a été amorcée en 2007, après que six jeunes filles eurent porté plainte au sujet d'un cyberprédateur qui les faisait chanter. Dans certains cas, il avait même pris le contrôle de leur boîte courriel. L'enquête a duré 10 mois, un très long délai pour ce type d'enquête, a fait valoir M. Larochelle, hier. En se faisant passer eux aussi pour des jeunes filles, les policiers ont réussi à remonter jusqu'à Lesiewicz, qui résidait à Dorval, avec ses parents et son frère.

Les policiers se sont donc présentés le 18 mars 2008 au matin pour perquisitionner. Dans la chambre de Daniel Lesiewicz, ils ont trouvé deux ordinateurs avec tours, et un portable, tous fonctionnels, et quatre disques durs contenant beaucoup de matériel. Il a admis être l'unique utilisateur de ces ordinateurs. Aux policiers, il a raconté avoir créé un site pornographique sur le web (yourpornflix), mais soutenait que les filles devaient toutes avoir au moins 18 ou 19 ans. L'analyse des images, réparties sur 400 vidéos, allait cependant démontrer que plusieurs étaient mineures et que le tout avait été fait contre leur gré.

L'enquête préliminaire se poursuit aujourd'hui, devant le juge Jean-Pierre Bonin. Détenu depuis son arrestation, l'accusé était vêtu d'un chic complet dans le box des accusés et prenait des notes. C'est Me Cinthia Gyenizse qui représente la Couronne dans cette affaire, tandis que la défense de l'accusé est assurée par Me Luc Vaillancourt.