Les cinq chapitres des Hells Angels ne forment qu'une seule et même organisation criminelle. Les membres n'ont pas le choix de trafiquer de la drogue, pratiquer le prêt usuraire et de s'adonner à toute autre activité illicite allant jusqu'au meurtre, en vue d'augmenter les profits du gang.

C'est la théorie que le ministère public étale petit à petit à l'enquête sur cautionnement de 13 personnes arrêtées à l'occasion de l'opération SharQc. À voir ce qui se passe et à entendre ce qui se dit depuis deux jours devant le juge Serge Boisvert, de la Cour du Québec, on peut déduire que les avocats du gouvernement québécois suivront sensiblement le même modèle juridique lors des procès qui pourraient se tenir au cours des prochaines années.

 

Pour mener à bien cette enquête qui se tient au palais de justice Gouin, la principale procureure au dossier, Madeleine Giauque - c'est elle qui avait aussi piloté un des grands procès de motards tenus en marge de l'opération Printemps 2001 - compte sur l'appui d'au moins trois autres avocats, ainsi que d'une quinzaine de policiers et d'employés de soutien.

Du côté des accusés, les forces sont presque aussi imposantes, avec 13 avocats en défense. Originaire de Saint-Quentin, au Nouveau-Brunswick, Michel Rivard, 40 ans, se défend seul. Il s'est plaint à son tour de ne pas avoir suffisamment de temps en prison pour consulter la volumineuse preuve qui lui a été livrée sur un support informatique. Un avocat a promis de l'aider. Parmi les autres accusés pour trafic de drogue qui demandent d'être libérés, il y a l'ancien chef des Rock Machine, Salvatore Cazzetta, et son bras droit, Gilles Lambert, tous deux passés chez les Hells Angels en 2005.

À l'appui de la thèse du «tous pour un, un pour tous» qui nourrit la «grosse machine rouge», ainsi que les motards appellent aussi les Hells Angels, la poursuite a d'abord fait entendre le policier Simon Godbout, de la Sûreté du Québec. L'un des pivots de l'opération SharQc, il a donné un portrait d'ensemble de cette vaste enquête entamée au tournant de 2006 et 2007. Il a aussi longuement parlé du fonctionnement et de la structure des Hells Angels depuis 20 ans.

Au cours des prochains jours, au moins sept policiers se relaieront afin de décrire au tribunal le mode d'organisation et la nature des activités illicites mis au jour lors de diverses enquêtes menées à l'encontre des membres de chacun des quatre autres chapitres des Hells Angels de Québec City, Montréal (Sorel), Trois-Rivières et Sherbrooke.