L'ex-«armurier des Hells Angels», Michel Vézina, est devenu délateur. L'homme de 61 ans pourrait être appelé à témoigner au cours du processus judiciaire découlant de l'opération SharQc, récente opération policière qui a donné un dur coup aux Hells Angels québécois, selon nos informations.

M. Vézina s'est présenté au palais de justice de Montréal ce matin sous forte escorte policière pour recevoir sa sentence dans une affaire de trafic d'armes à feu. Au même moment, le représentant du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Me Sabin Ouellet, a déposé en cour le contrat de délateur de l'accusé.

La juge Hélène Morin de la Cour du Québec a imposé une peine de huit ans de prison ce matin à l'ex-«armurier des Hells Angels». En décembre dernier, M. Vézina avait plaidé coupable à cinq chefs d'accusations, notamment complot en vue de faire le trafic d'armes à feu, de fabrication d'armes à feu et de possession d'armes à autorisation restreinte.

L'homme à la longue feuille de route criminelle avait été arrêté en même temps que sa femme, Huguette Cadorette, le 17 décembre dernier à leur domicile de Beloeil en Montérégie. Son empressement à plaider coupable a visiblement bénéficié à sa femme. La femme âgée de 62 ans a été libérée des accusations qui pesaient contre elle. M. Vézina était la cible principale du Projet Événement, une opération policière menée par la Sûreté du Québec et amorcée à la suite de renseignement reçus du Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives des États-Unis.

M. Vézina avait attiré l'attention sur lui en achetant beaucoup de pièces d'armes à feu, ainsi que par sa grande connaissance du domaine et des règles les régissant dans différents pays. Les infractions qui lui sont reprochées ont été perpétrées entre le 16 janvier 2008 et le 15 décembre 2008.

M. Vézina a signé son contrat de «témoin repenti» le 25 mai dernier. Selon ce contrat, il s'est mis à table dès le 15 janvier. Durant sa période de détention, le Directeur des poursuites criminelles et pénales s'engage à lui verser 50 $ par mois pour sa cantine. À sa sortie de prison, il touchera 500 $ par semaine pour une durée de deux ans. Le «témoin repenti» bénéficiera d'une «réinstallation sécuritaire» payée par l'État.

Le délateur s'engage en retour à «témoigner devant les tribunaux canadiens aussi souvent que requis relativement aux faits révélés aux policiers dans la présente enquête ainsi que dans tous les dossiers pour lesquels le Poursuivant public à ou pourra engager des poursuites criminelles sans égard à la présente enquête», peut-on lire dans ce contrat. La Presse a appris que cet ex «armurier des Hells» devrait témoigner au cours du processus judiciaire découlant de l'opération SharQc, récente opération policière qui a donné un dur coup aux Hells Angels québécois.

Détenu de manière préventive depuis six mois, il lui reste sept ans de pénitencier à purger. La peine de huit ans était une suggestion commune de la Couronne et de Vézina, lui-même qui n'était pas représenté par avocat.

M. Vézina a des antécédents en même matière. En 1998, il avait écopé de 34 mois pour la vente d'armes prohibées. Une fois sorti de prison, il a récidivé. C'est lui qui a fabriqué les armes qui ont servi aux attentats contre le syndicaliste André (Dédé) Desjardins et le journaliste Michel Auger. En 2001, il a plaidé coupable en plein milieu de son procès et a écopé de 63 mois. Il est sorti de prison trois ans plus tard. À l'époque, la cour lui avait imposé une interdiction à vie de se trouver en possession d'armes ou de répliques d'armes. Ce matin, la juge Morin a insisté sur le fait qu'elle lui imposait une «seconde» interdiction à vie de se trouver en possession d'armes.