Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a omis de signaler aux tribunaux qu'un informateur secret dans l'affaire du suspect de terrorisme Mohamed Harkat avait échoué en partie un test de polygraphe - une omission qualifiée par le Service même d'«impardonnable».

Le SCRS procède donc à une double vérification des informations transmises aux tribunaux dans plusieurs dossiers de haute importance.

Dans une lettre adressée à la Cour fédérale et rendue publique vendredi, le SCRS dit effectuer une «révision en profondeur» de tout le matériel fourni par des informateurs et utilisé dans des dossiers relevant de certificats de sécurité.

Cette révision pourrait influer sur le sort réservé à cinq musulmans soupçonnés d'être liés à des groupes terroristes et qui sont menacés d'être expulsés du Canada.

Les renseignements recueillis par le SCRS auprès d'informateurs jouent souvent un rôle crucial dans ce genre de dossier.

La semaine dernière, un juge de la Cour fédérale a critiqué sévèrement le SCRS pour avoir négligé de remettre des renseignements de grande importance au sujet d'un informateur-clé dans la cause de Mohamed Harkat, un résidant d'Ottawa arrêté en 2002.

Dans sa lettre, le SCRS reconnaît que cette bévue est impardonnable et qu'elle peut soulever des doutes dans d'autres affaires de certificats de sécurité.

Un avocat fédéral, auteur d'une lettre accompagnant celle du SCRS, a soutenu qu'il était clair que le juge Simon Noël et les avocats spéciaux chargés de l'affaire en vertu de la loi antiterroriste auraient dû être informés «des résultats complets du test de polygraphe» et que le fait qu'ils ne l'aient pas été représente un enjeu très sérieux.

Le SCRS communiquera les résultats de son enquête sur cette omission à la cour dès qu'elle sera complétée, a-t-on indiqué.

Cette annonce a donné peu de réconfort, vendredi, à l'un des avocats de Mohamed Harkat, Norm Boxall. «Ils enquêtent sur eux-mêmes, je trouve cela troublant», a-t-il affirmé.

Me Boxall s'est demandé si on devait remettre en doute la crédibilité d'autres témoins dans le dossier de son client.

Le juge de la Cour fédérale compte rappeler à la barre trois témoins du SCRS qui ont déjà comparu derrière des portes closes.

Le SCRS a reconnu que cette erreur risque de remettre en question la validité de la preuve obtenue auprès d'informateurs dans d'autres dossiers reliés aux certificats de sécurité. Néanmoins, la porte-parole Isabelle Scott n'a pas pu dire combien parmi les quatre autres cas pourraient être touchés.

«Le SCRS est confiant que les mesures décrites dans la lettre à la Cour fourniront l'assurance qu'elle recherchait», a-t-elle noté.