Une cycliste qui chevauchait un Bixi a évité le pire, hier matin, lorsqu'elle est entrée en collision avec une voiture à l'angle des rues Berri et Ontario.

La femme a été blessée à la tête lors de l'accident. «Elle a perdu connaissance et avait des saignements. Elle a été transportée à l'Hôpital général de Montréal», a indiqué Benoit Garneau, porte-parole d'Urgences-santé. La conductrice du véhicule a aussi été traitée pour un choc nerveux.Selon André Lavallée, responsable du plan de transport au comité exécutif de la Ville de Montréal, c'est la cycliste qui a brûlé un feu rouge. «La police est formelle. Plusieurs témoignages vont en ce sens», a précisé l'élu.

Roberto Rocha, un journaliste de The Gazette qui circulait sur la piste cyclable à quelques mètres derrière la femme lorsque l'impact est survenu, affirme qu'elle ne portait pas de casque. «J'ai vu la cycliste par terre. Quand je suis arrivé, elle était consciente, mais elle saignait beaucoup de la tête», a affirmé M. Rocha.

«Beaucoup de gens couraient vers elle pour l'aider. La conductrice de l'auto avait l'air désespérée», a-t-il ajouté.

Stationnement de Montréal, qui administre les 3000 vélos en libre-service Bixi, affirme qu'il s'agit du premier accident impliquant un vélo en libre-service à lui être signalé depuis le lancement du service le 12 mai. Plus de 44 000 déplacements ont été faits avec le Bixi depuis cette date.

Le vélo impliqué dans l'accident n'a pas subi de dommages importants.

Six morts à Paris

À Paris, depuis le lancement du service Velib' en 2007, six cyclistes ont perdu la vie alors qu'ils circulaient sur un des vélos en libre-service. Ces décès ont forcé la Ville de Paris à mener l'hiver dernier plusieurs opérations de sensibilisation pour inciter les cyclistes à la prudence. Selon la mairie de Paris, la plupart des accidents surviennent lorsque les cyclistes se trouvent dans l'angle mort des conducteurs.

Selon ce qu'a appris La Presse, bien avant le lancement du Bixi à Montréal, Vélo Québec a proposé à Stationnement de Montréal de créer une série de capsules de sécurité sur la conduite d'un vélo en ville. «Ce que nous proposions, c'est une foule de petits trucs: où se positionner aux intersections, qu'est-ce qu'un angle mort, comment rouler sur une piste cyclable. Ça n'a malheureusement pas abouti», a expliqué la PDG de Vélo Québec, Suzanne Lareau. Questionné à ce sujet, le porte-parole de Bixi, Michel Philibert, a assuré que de telles capsules, ainsi que des cliniques de sécurité routière, seront mises sur pied avec l'aide de Vélo Québec. «Nous ne l'avons pas fait pour le moment puisque nous sommes pris dans le déploiement, mais nous avons l'intention d'aller de l'avant avec ces capsules d'ici la fin juin ou dans quelques semaines. C'est évident que Bixi a sa part à faire en ce qui a trait à la sécurité», a-t-il affirmé.

Pas de casque fourni

La Société de l'assurance automobile du Québec estime que le port du casque est la meilleure façon de se prémunir contre les accidents graves à vélo. «Les blessures à la tête surviennent dans 60% des accidents de vélo mortels et dans 30% des accidents avec blessures graves», a expliqué le porte-parole Gino Desrosiers. Stationnement de Montréal, qui recommande fortement le port du casque sur les Bixi, estime néanmoins qu'il serait impossible de les fournir avec ses vélos en libre-service. «C'est une possibilité que nous avons étudiée, mais ce ne serait pas hygiénique et on nous a expliqué que les casques doivent être bien ajustés à la tête. Ce ne serait pas possible de fournir un casque qui conviendrait à tout le monde», a expliqué M. Philibert.

En 2008, deux personnes ont perdu la vie dans les rues de Montréal au moment où elles circulaient à vélo, et 34 ont subi des accidents graves. Les policiers mènent actuellement une campagne de sensibilisation sur la cohabitation entre cyclistes et automobilistes dans différentes municipalités du Québec. Cette campagne prendra fin le 19 juin.