Les trois adolescents soupçonnés d'avoir attaqué et volé une femme de 67 ans à Montréal-Nord, le 17 mai dernier, ont comparu en Chambre de la jeunesse, hier, pour être formellement accusés de meurtre au deuxième degré. S'ils sont reconnus coupables, ils pourraient écoper d'une peine pour adultes.

C'est du moins ce que la procureure de la Couronne, Karen Ohayon, a fait valoir, hier, devant la juge Taya Di Pietro. Les avocats des accusés, dont deux sont âgés de 16 ans et l'autre de 15 ans, ont de leur côté annoncé qu'ils s'opposeront à cette demande. Détenus depuis leur arrestation, la semaine dernière, les trois jeunes ont été amenés à tour de rôle devant la juge, hier, pour voir l'accusation de tentative de meurtre s'alourdir à celle de meurtre.

 

Ils sont accusés séparément, ce qui signifie qu'ils pourraient avoir des procès séparés, plutôt qu'un procès commun. Rien ne semble certain pour le moment. La procureure de la Couronne n'a pas voulu donner de détails à ce sujet, se contentant de dire qu'il leur est interdit de se parler entre eux. «Ils sont détenus dans le même centre d'accueil, mais pas dans la même unité», a-t-elle précisé.

Rappelons que la victime, Kim Ngu Lieu, rentrait chez elle après un cours de danse en ligne, tard samedi soir, quand elle a été attaquée à un arrêt d'autobus sur le boulevard Henri-Bourassa, à l'angle de Saint-Vital. Les agresseurs voulaient lui voler son sac à main. Bousculée, et peut-être frappée, elle se serait fracturé le crâne en tombant. Elle n'a jamais repris conscience. Elle est morte deux jours plus tard à l'hôpital.

Hier, les quatre fils de la victime, de même que son frère venu de Californie, et sa soeur venue de Hong-Kong, étaient au Tribunal de la jeunesse. «Elle était en parfaite santé. Elle aurait pu vivre jusqu'à 80 ans et plus», se désolait Quoc Huy, l'un des fils. Ses frères et lui réclament une peine pour adultes. Si le consentement pour faire l'amour est fixé à 14 ans, Quoc Huy ne voit pas pourquoi la responsabilité criminelle ne serait pas elle aussi fixée à cet âge, dit-il. «Il faut que les jeunes apprennent qu'il y a un prix pour chaque geste que l'on pose», dit-il.

La peine maximale pour un adolescent reconnu coupable de meurtre non prémédité est de quatre ans de garde fermée, suivie de trois ans de garde ouverte. Si le jeune est jugé comme un adulte, la peine est automatiquement la prison à vie, mais le seuil d'admissibilité à une libération conditionnelle est fixé à sept ans. Pour un véritable adulte, ce seuil minimal est de 10 ans. Il revient au juge qui préside le procès de fixer la période d'incarcération obligatoire, qui peut être haussée. Signalons enfin que c'est à la Couronne de prouver que des accusés mineurs méritent une peine pour adulte.