Des centaines de proches ont rendu un dernier hommage hier à la sexagénaire attaquée dimanche dernier par trois adolescents à Montréal-Nord. En marge de la cérémonie, la famille de la victime a réclamé que les jeunes suspects soient jugés comme des adultes.

Durant toute la matinée, les amis, les enfants et les petits-enfants de Kim Ngu Lieu ont défilé devant sa dépouille pour y déposer des fruits, des fleurs et de l'encens. Comme le veut la tradition vietnamienne, des prières méditatives ont été diffusées en boucle lors de la cérémonie bouddhiste, qui a duré plusieurs heures.

 

«Même si tous ces gens sont venus pour réconforter notre famille, la tristesse dans mon coeur reste la même», a confié le fils de la victime, Quoc Huy.

«Nous sommes tous sous le choc, a-t-il poursuivi. Je n'arrive pas à comprendre ce qui a pu pousser des jeunes à faire cela à une vieille dame.»

Kim Ngu Lieu a été attaquée dimanche dernier au coin des rues Saint-Vital et Henri-Bourassa par trois adolescents âgés de 15 et 16 ans qui ont tenté de lui dérober son sac à main. Elle se rendait à un arrêt d'autobus après avoir dansé toute la soirée au bal de fin d'année de son cours de danse en ligne.

Elle s'est probablement fracassé la tête sur le sol lors de l'agression. Elle est morte deux jours plus tard à l'hôpital du Sacré-Coeur.

Tristesse et incompréhension

Au complexe funéraire Côte-des-Neiges, hier, l'incompréhension était palpable chez les proches de la victime, qui se sont dits encore choqués par la fin tragique de la femme, décrite comme une bonne vivante adepte de la danse et du karaoké.

«Je suis né au Vietnam et, là-bas, les gens qui volent ont vraiment besoin de le faire. Ici, les jeunes ne meurent pas de faim, donc j'ai beaucoup de difficulté à accepter qu'ils s'en soient pris à une femme âgée et sans défense», a affirmé un ami de la famille, Tuan Vinh.

Selon nos informations, les trois adolescents seront accusés de meurtre non prémédité demain à la Chambre de la jeunesse. La famille de la victime demande toutefois une peine exemplaire.

«Tout ce qu'on peut espérer, maintenant, c'est qu'une peine juste soit appliquée, a dit Quoc Huy. Je ne veux pas avoir l'air d'un radical, mais ils doivent être jugés comme des adultes parce que, à 15 ou 16 ans, on n'est plus un enfant. On est conscient de ses gestes. On ne parle plus d'un vol de sac à main, mais bien d'un meurtre.»

Dans quelques mois, Kim Ngu Lieu aurait été grand-mère pour la quatrième fois.