Pendant les deux contre-interrogatoires extrêmement serrés et musclés qu'elle a subis ces derniers jours, Nadège Merceus, accusée de meurtre et de démembrement, n'a jamais perdu son calme.

Alors qu'elle répondait d'un ton monocorde, sans précipitation, la femme de 31 ans a gardé le cap et a continué d'imputer toute l'horreur du crime à son coaccusé, Michel Côté. C'est lui, a-t-elle assuré, qui a assassiné Shane Jimrattie d'une quarantaine de coups de marteau, la nuit du 16 avril 2007, pour ensuite couper le cadavre en morceaux. Mme Merceus a affirmé que son rôle à elle s'était limité à transporter dans la baignoire les sacs-poubelles contenant les parties du cadavre, comme le lui avait ordonné Côté, et à faire le ménage de l'appartement, tout éclaboussé de sang. Elle n'a cependant pas pu expliquer pourquoi Côté, 45 ans, avait tué Jimrattie, un homme de 21 ans qu'il n'avait jamais vu auparavant. Elle n'a jamais songé à le lui demander. Selon elle, c'est à sa propre demande que le jeune homme est venu livrer de la cocaïne en plein milieu de la nuit, le 16 avril 2007. Peu de livreurs travaillent à cette heure tardive, en raison du danger, a-t-elle expliqué, mais lui le faisait. Il connaissait Mme Merceus pour l'avoir vue à plusieurs reprises. Quoi qu'il en soit, Mme Merceus a assuré que, cette nuit-là, elle a donné les 125$ requis à Jimrattie, un homme «poli et sympathique». Elle s'est ensuite enfermée dans la toilette pour transformer la cocaïne en crack, et c'est pendant ces quelques minutes que Côté s'est querellé avec Jimrattie et l'a tué à coups de marteau. Selon la pathologiste judiciaire, ce dernier n'aurait pas cherché à se défendre - l'examen du corps n'a pas permis de trouver d'indices en ce sens.

 

Taches inexplicables

Mme Merceus a affirmé qu'elle ne s'était jamais approchée de Jimrattie, que ce soit pendant le meurtre ou le démembrement. Elle était assise sur le sofa et regardait ailleurs pendant que Côté découpait la victime dans le salon, a-t-elle dit. Elle n'a pas pu expliquer pourquoi des taches de sang démontrant «un contact» ont été trouvées sur un jean lui appartenant. «La seule façon dont je peux l'expliquer, c'est quand j'ai transporté les sacs dans le bain. Peut-être sur une chaise... Il y avait du sang partout.» Elle a admis avoir changé de jean à deux reprises, après le meurtre. Ces jeans tachés de sang ont d'ailleurs été trouvés par la police.

La procureure Hélène Di Salvo a beaucoup insisté sur le calme implacable de Mme Merceus, le soir du 17 avril, alors que les policiers envahissaient les alentours de son immeuble, après avoir découvert les restes de Jimrattie dans le Ford Explorer de son conjoint, Michel Côté. Nadège Merceus avait feint de ne rien savoir en croisant des voisins et avait réussi à sortir de l'immeuble en donnant son nom, mais une fausse adresse à une policière chargée de faire le guet. «J'étais calme en dehors, mais nerveuse en dedans», a fait valoir Mme Merceus. Plusieurs des réparties de Mme Merceus ont fait bondir Me Di Salvo, comme le fait qu'elle ne s'est pas enfuie de l'appartement et qu'elle n'a pas cherché de secours après que Côté eut tué et démembré la victime, parce qu'elle avait peur de lui et peur d'aller en prison. «J'avais fait le ménage et transporté les sacs, j'irais en prison moi aussi», a-t-elle dit.

«Faites-vous une différence entre passer la moppe et tuer quelqu'un à coups de marteau et le découper en morceaux? On s'entend que passer la moppe, c'est pas mal moins grave», lui a demandé Me Di Salvo d'un ton acide.

«Là, je peux évaluer, mais à ce moment-là, non», a tranquillement répondu Mme Merceus. L'avocat de celle-ci a terminé sa preuve hier en matinée.

Le procès se poursuit lundi, avec la présentation de la défense de Michel Côté.