L'avocat du Dr Guy Turcotte, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants, prendra connaissance aujourd'hui de la preuve complète de la poursuite. Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans, ont été tués de plusieurs coups de couteau dans la nuit du 21 février dernier, durant leur sommeil à Piedmont. D'autres détails sur cet horrible drame sont également inclus dans la divulgation de la preuve qui sera présentée au palais de justice de Saint-Jérôme.

La Presse a appris, de sources judiciaires très au fait du dossier, que dans le document qui sera remis à Me Pierre Poupart, il est notamment écrit que les enfants ont reçu chacun au moins de 16 coups de couteau. Contrairement à ce qui a été dit dans les jours qui ont suivi la double découverte, aucun somnifère n'a été donné aux enfants avant qu'ils soient mis au lit.

 

Guy Turcotte, âgé de 36 ans et cardiologue à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, ne sera pas présent au palais de justice. Me Claudia Carbonneau, la procureure du ministère public, et son collègue de la défense profiteront de leur présence devant un juge pour déterminer la date à laquelle se tiendrait l'enquête préliminaire de l'accusé, gardé à l'institut Louis-Philippe-Pinel. S'il y a enquête préliminaire, elle n'aura pas lieu avant plusieurs semaines afin de donner le temps à Me Poupart de prendre connaissance de la preuve et de discuter avec des experts et son client.

Les relations matrimoniales entre l'accusé et sa conjointe, urgentologue à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, battaient de l'aile depuis un bon moment avant l'assassinat des deux enfants. Le médecin avait été informé que sa femme fréquentait son professeur de conditionnement physique par l'amie de ce dernier; elle avait intercepté des échanges sur l'internet entre les deux. Afin de tenter un rapprochement, le Dr Turcotte, sa conjointe et leurs deux enfants avaient fait un voyage en janvier. Mais ces vacances n'avaient rien donné.

Le 26 janvier, le Dr Turcotte a emménagé dans un chalet rue Beaulne, à Piedmont. Puis il s'est rendu à la maison de Prévost qu'il habitait auparavant avec sa conjointe et les deux enfants, afin d'y prendre des effets personnels. Il a été incapable d'y pénétrer parce que les serrures avaient été changées. Il a alors frappé à la porte et c'est le professeur de conditionnement physique qui est venu répondre.

Du lave-vitre

La veille du drame, l'accusé a parlé durant plus d'une heure avec sa mère, qui habite sur la Rive-Sud. Mme Turcotte aurait trouvé que son fils n'était pas dans son état normal. Le samedi matin, elle a téléphoné chez son fils et, inquiète de ne pas avoir de réponse, elle a alerté la police locale.

Les premiers policiers dépêchés à la nouvelle résidence du cardiologue ont eu tout un choc devant la scène qui s'offrait à eux: les deux petits corps baignaient dans leur sang dans leur lit, et leur père était mal en point. Il aurait ingurgité du lave-glace d'automobile. Il a échangé quelques mots avec les policiers. Ces derniers, tout comme les ambulanciers, ont dû s'absenter de leur travail à cause du choc subi. Aucune lettre expliquant le geste n'a été trouvée dans la maison.

Une fois à l'Hôtel-Dieu, le père s'est mis à raconter ce qu'il avait fait au personnel des urgences. Très ébranlés par ce qu'ils venaient d'entendre, les médecins ont réclamé son transfert dans un hôpital de Montréal. Après avoir reçu les premiers soins, il a été envoyé à l'institut Pinel.

Des avocats, tant de la poursuite que de la défense, ont déclaré à La Presse que le procès de Guy Turcotte donnerait lieu à des débats d'experts en psychiatrie et autres. Selon eux, il est clair que la défense tentera de démontrer que l'accusé ne peut être tenu criminellement responsable à cause de son état mental au moment du crime.