Mitraillé de questions par le procureur de la Couronne, Me James Rondeau, le psychiatre Louis Morrissette a admis avoir menti à la cour ce matin au procès de Francis Proulx. Cet aveu a créé un malaise dans la salle d'audience puisqu'il concerne la preuve consultée par le médecin pour rendre son témoignage.

Tout l'avant-midi, lors d'un contre-interrogatoire musclé, Me Rondeau a attaqué la crédibilité du psychiatre de l'Institut Philippe-Pinel. C'est que le docteur Morrissette a dit sous serment avoir pris connaissance d'une portion de la preuve le week-end dernier, soit la bande audio du témoignage de Proulx enregistrée au moment de son contre-interrogatoire la semaine dernière. Or, cette bande audio a été remise aux avocats seulement hier. Impossible donc que le psychiatre l'ait écoutée en fin de semaine dernière.

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«Vous n'avez pas dit la vérité?», lui a demandé Me Rondeau. «Oui, j'ai menti là-dessus. Je me suis trompé», a finalement admis le médecin psychiatre, acculé dans les câbles. Il dit avoir bel et bien écouté une bande audio ce week-end, mais concernant un autre dossier judiciaire. «Avez-vous menti sur autre chose dans cette cause-ci?», a ajouté le procureur de la Couronne. «Non, pas à ma connaissance», a répondu le psychiatre, visiblement mécontent. Cet aveu ne change rien à son rapport d'expertise, a-t-il tenu à préciser. Un témoin qui ment sous serment peut être accusé de parjure.

Le psychiatre Morrissette témoigne depuis deux jours à la demande des avocats de Francis Proulx. L'homme de 29 ans est accusé du meurtre prémédité de Nancy Michaud, mère de famille de 37 ans, survenu en mai dernier à Rivière-Ouelle dans le Bas-Saint-Laurent.

Selon le spécialiste de l'Institut Philippe-Pinel, si Proulx n'avait pas pris d'Effexor, il n'aurait pas tué Nancy Michaud. Cet antidépresseur peut faire apparaître de nouveaux comportements et causer une perte de jugement ainsi qu'une perte d'inhibition chez une minorité de patients, a-t-il expliqué la veille. «M. Proulx n'a jamais eu l'intention de se faire du mal ou de faire du mal à quelqu'un d'autre», a souligné à nouveau le psychiatre ce matin.

On a aussi appris ce matin que Francis Proulx avait été agressé sexuellement par un homme plus âgé, alors qu'il avait 16 ou 17 ans. C'est du moins ce qu'il a confié au psychiatre Morrissette lors d'une de leurs cinq rencontres d'évaluation. Or, cette agression n'est pas pertinente selon le médecin. «Dans le cas de M. Proulx, ça n'a eu aucune influence sur ce qu'il est comme personne», a-t-il expliqué, contre-interrogé par la Couronne à ce sujet.

Le contre-interrogatoire du Dr Morrissette se poursuit cet après-midi au palais de justice de Québec.