Les médias ne pourront plus diffuser d'images ou de renseignements personnels permettant d'identifier les deux policiers impliqués dans la mort de Fredy Villanueva. Ils pourront toutefois continuer à les nommer. 

Le coroner Robert Sansfaçon qui présidera l'enquête publique du coroner sur la mort du jeune Villanueva a acquiescé à la requête des deux policiers cet après-midi au palais de justice de Montréal.

Les médias pourront tout de même continuer de nommer les agents Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte. Leurs avocats ayant eux-mêmes amendé leur requête avant de la présenter ce matin.

Cette requête a été présentée en prévision de l'enquête publique du coroner qui débutera le 25 mai prochain à Montréal.

Les avocats des deux policiers, Me Pierre Dupras et Me Gérald Soulière, ont plaidé que leurs clients craignaient des «représailles et de l'intimidation» si leur identité, leur physionomie, leurs coordonnées ou leur milieu de vie étaient révélés au public.

«Je ne vois pas aucune espèce d'importance qu'on voit sa photo (de Jean-Loup Lapointe) dans le public ou tout autre renseignement personnel de M. Lapointe ou sa famille», a approuvé le coroner Robert Sansfaçon.

Le coroner a donné raison aux avocats des policiers quant aux risques «réels» et «spécifiques» encourus par les deux agents si leurs images sont diffusées dans les médias. Dans le cadre de leur requête, ces avocats ont fait entendre le policier du Service de police de la Ville de Montréal Richard Dupuis, responsable du plan de lutte à l'intimidation mis en place en 2001 afin de mettre à l'abri les intervenants du milieu de la justice.

Dans son témoignage, le policier Dupuis a relaté une série d'événements violents dont les auteurs sont liés aux gangs de rue et qui sont survenus à Montréal-Nord, en 2006, 2007 et 2008 et depuis la mort violente de Fredy Villanueva. Il a fait état entre autres d'une menace proférée contre l'agent Lapointe en octobre dernier par un cousin de Fredy Villanueva.

Ce cousin et un autre homme ont été arrêtés en possession d'une arme semi-automatique le 5 octobre dernier. Or, ces deux hommes sont deux des cinq témoins de la mort de Fredy Villanueva le 9 août dernier dans un parc de Montréal-Nord. Jonathan Senatus et Anthony Yerwood Clavasquin ont été arrêtés dans un logement de Montréal-Nord en possession de l'arme. Lors de leur arrestation, l'un d'eux a mentionné le nom «Lapointe» en faisant un sourire aux policiers présents. Le policier Jean-Loup Lapointe est celui qui a tiré sur Fredy, au moment de son arrestation.

Le témoignage de M. Dupuis a convaincu le coroner Sansfaçon. Selon lui, «l'effet bénéfique pour la vie et la sécurité des témoins est plus important que l'effet préjudiciable à la liberté de presse». Il a qualifié l'ordonnance de «minimaliste» puisque les noms des policiers pourront toujours être diffusés, ainsi que toutes les informations qu'ils dévoileront durant leurs témoignages sur les circonstances du décès de Fredy Villanueva à l'enquête publique du coroner.

Par ailleurs, les membres de la famille Villanueva et les autres personnes qui étaient présentes lors de l'incident du 9 août 2008, qui s'est soldé par la mort du jeune Villanueva, ont annoncé aujourd'hui qu'ils n'entendaient pas assister aux travaux du coroner.

Ils ont affirmé être mécontents de la décision rendue par le coroner Robert Sansfaçon, qui a refusé pour le moment d'indiquer s'il entendait aborder la question du profilage ethnique par les policiers dans Montréal-Nord. Le coroner n'a pas fermé la porte sur cette question. Il a dit qu'il verrait en temps et lieu, une fois que les principaux faits auront été établis.

Les membres de la famille Villanueva et les témoins de l'incident ont toutefois indiqué qu'ils respecteront les citations à comparaître qu'ils ont reçues et qu'ils se présenteront en cours quand le moment sera venu.

M. Villanueva, 18 ans, a été abattu dans un parc par des policiers du SPVM qui effectuaient une patrouille à pied.

À la suite d'une altercation entre les jeunes et les policiers, le policier Jean-Loup Lapointe a ouvert le feu, tuant M. Villanueva et blessant deux de ses amis.

La mort du jeune homme a entraîné une manifestation, le lendemain, et celle-ci a dégénéré en émeute.

- Avec La Presse Canadienne