James Gould convient qu'il a «punché» Karina Esquivel au visage deux fois, le soir du 23 avril 2007, et qu'il lui a donné «deux ou trois» coups de pied à la tête alors qu'elle était étendue par terre. Mais il n'avait pas du tout l'intention de la tuer, assure l'homme de 25 ans.

«Je ne la connaissais même pas. Tout est arrivé si vite, en 10 ou 15 secondes», a raconté Gould, alors qu'il témoignait pour sa propre défense, hier, au palais de justice de Montréal. Gould est jugé devant jury sous l'accusation de meurtre non prémédité de Karina Esquivel.La femme de 18 ans, toute menue, est morte la tête fracassée lors d'une soirée bien arrosée, dans l'appartement d'un immeuble situé au 55, rue Racine, à Dorval. Il s'agit de l'appartement que Gould occupait avec sa copine, Imane Akrif. Ils demeuraient ensemble depuis un mois environ.

Lors de son témoignage, hier, Gould s'est décrit comme un type qui boit beaucoup, jusqu'à tomber sans connaissance. Il fait cela régulièrement, environ quatre fois par semaine, dit-il. La veille du drame, il soutient qu'il avait consommé 13 comprimés d'ecstasy, ainsi qu'une grande quantité de bière. Sa conjointe, Imane, a pris six comprimés d'ecstasy, dit-il, et elle a bu, mais moins que lui. Vu son état, Gould affirme n'avoir pas dormi dans la nuit du 22 au 23 avril. Dans la journée du 23 avril, il a bu de la bière, pour se remettre du «down» de l'ecstasy, et a fumé des joints. Vers la fin de l'après-midi, son frère Jeremiah, âgé de 15 ans, est venu, et ils ont bu de la bière.

Un peu plus tard, Imane a reçu un coup de téléphone. Sa copine Karina était dans le coin, et elle voulait passer avec une jeune femme, Sandrine, qu'elle venait de rencontrer dans la journée. Imane et James étaient d'accord. Les deux filles, que James n'avait jamais vues de sa vie, dit-il, sont arrivées à l'appartement, avec une caisse de 24 bières et une bouteille de Crown Royal.

L'alcool coulait à flots, il y avait de la mari, de la musique. L'ambiance était bonne, soutient James Gould. À un certain moment, cependant, sa conjointe Imane et lui se sont engueulés. Selon Gould, Imane était jalouse du fait qu'il parlait avec Sandrine. Karina s'est mêlée de cette chicane. Elle a engueulé James Gould, poussé Jeremiah, et poussé James par la suite. C'est à ce moment que James, qui mesure 5pi10 et pèse 180 livres, affirme avoir répliqué par un coup de poing «pas mal fort» au visage de Karina.

«Elle est tombée par en arrière. Elle s'est relevée. Elle a crié. Imane a sauté sur moi. Je l'ai poussée. Karina est revenue, je lui ai donné un coup de poing dans la face. J'étais saoul», a raconté Gould. Alors que Karina gisait par terre, Gould lui a asséné trois coups de pieds de haut en bas (comme un piétinement) à la tête. «Je l'ai fait, mais je n'avais pas l'intention de la tuer», a-t-il répété. Gould affirme qu'il était trop intoxiqué pour réaliser ce qu'il faisait vraiment.

En contre-interrogatoire, le procureur de la Couronne Thierry Nadon lui a toutefois mis sous le nez le fait qu'il avait fait 21 appels téléphoniques dans l'heure suivant le crime, à des personnes de sa connaissance. Et comme ce n'était pas son téléphone, il devait se rappeler et composer chacun des numéros. Ce qui démontre que Gould n'était pas aussi saoul qu'il le prétend, suggère Me Nadon.

Le contre-interrogatoire de James Gould se poursuit aujourd'hui.

Karina Esquivel